Ma
dernière note est arrivée, et c'est désormais officiel, j'ai
enfin, au bout de 6 ans (bon, oh, ça va, hein!), ma licence de
psychologie! Comme ce n'est pas ma première orientation (parce que
je me suis trompé à l'inscription à la fac et qu'après en psycho
il n'y avait plus de place... non, ce n'est pas une blague), j'ai eu
largement le temps de savoir où je mettais les pieds (surtout que
j'avais pas ce hum de bac à m'occuper), mais c'est vrai qu'en
terminale j'avais surtout des infos sur ce qu'il n'y avait pas en fac
de psycho, plus que sur ce qu'il y avait (à part beaucoup d'abandons
en première année) : "attention, la psychanalyse il y en a
très peu, c'est une partie de la psychologie clinique, qui est une
partie du programme", "attention il y a de la neurobio et des
stats, avec un bac littéraire c'est compliqué" (oui ben j'ai
réussi avec un bac littéraire ET une fac d'anglais LLCE, na!), …
Et la plaquette de la fac avec les noms de matières exotiques
n'allait pas beaucoup m'aider. Voici donc, pour celles et ceux qui se
poseraient la question, en exclusivité (en fait pas en exclusivité,
l'info se trouve un peu partout, mais ça sonne bien de dire "en
exclusivité"), une description des différentes matières qui sont
enseignées en fac de psychologie. Après, il faut garder en tête
que ça peut varier légèrement entre certaines facs (en particulier
sur la proportion de psychanalyse dans les enseignements), mais dans les grandes
lignes ça reste à peu près la même chose (c'est à partir du
Master que ça varie plus). Autre chose : ceci est un post
interactif, si vous prévoyez de vous inscrire et que vous avez des
questions à poser, ou si vous êtes l'heureux·se détenteur·ice d'une
magnifique licence et que vous voulez vous moquer parce que vous ça
ne vous a pas pris 6 ans pour l'avoir ajouter ou rectifier des
trucs, les commentaires sont là pour ça.
La psychologie
cognitive
Cette matière qui a un drôle de nom concerne en fait tout ce qui
recouvre les performances psychiques : mémoire, perception
(visuelle, auditive, tactile -les premiers tests d'intelligence
incluaient des tests de sensibilité de la peau-, …), raisonnement,
... Au risque de décevoir ceux et celles qui ont vu Lucy (je compatis...), la télékinésie ne fait pas du tout partie
des performances psychiques. C'est une matière assez technique, qui
ne fait pas spécialement partie des plus populaires. Les cours
intéresseront particulièrement les personnes qui veulent s'orienter vers la
pédagogie, la rééducation ou la recherche, mais j'ai par exemple
eu la surprise pour mon stage de licence en maison de retraite de
constater que les cours de première année sur la mémoire étaient
bien utiles ne serait-ce que pour avoir quelques repères.
Qu'est-ce
que je peux lire d'utile entre la terminale et la rentrée?
Ce ne sont pas les livres sur le sujet qui manquent, en particulier
ceux qui sont fait exprès pour les étudiant·e·s, mais comme ce n'était
pas tout à fait ma priorité je serais bien incapable de vous en
conseiller certains par rapport à d'autres. Si vous êtes l'heureux
propriétaire d'une Nintendo DS, les jeux Docteur Kawashima ou
Professeur Layton reprennent certains dispositifs qui seront
étudiés en cours (test de Stroop -le truc où une couleur est
écrite dans une autre couleur et il fait dire le plus vite possible
dans quelle couleur le mot est écrit-, énigme des cannibales et des
missionnaires, …), donc vous pouvez jouer aux jeux vidéo pendant
l'été en expliquant que vous préparez ardemment votre rentrée (par contre je décline toute responsabilité quant à la crédibilité
de l'argument).
La psychologie du
développement
Très proche de la psychologie cognitive (sauf qu'en plus il y a les
âges à retenir!), la psychologie du développement concerne
l'évolution du psychisme avec l'âge (donc techniquement ça ne
concerne pas seulement les enfants mais aussi les personnes âgées,
même si vous en entendrez probablement très peu parler). La psychologie
du développement a été révolutionnée, autant dans les
connaissances que dans la méthodologie, par Jean Piaget, qui se
demandait par quels processus on était passé de l'homme
préhistorique à l'homme qui envoie des fusées dans l'espace, et
par extension comment on passait du bébé qui sait principalement
pleurer et faire caca au ou à la polytechnicien·ne. Depuis cette révolution,
les chercheur·se·s ont trouvé pas mal de failles dans les travaux de
Piaget (des enfants qui échouent à telle tâche à un certain âge
y arrivent dans un autre contexte ou avec d'autres consignes, …),
mais même dans ses échecs (si on peut parler d'échecs) il reste
incontournable puisque ses erreurs restent le point de départ des
progrès des autres.
Qu'est-ce
que je peux lire d'utile entre la terminale et la rentrée?
La psychologie de l'enfant, d'Olivier Houdé. Un livre de psychologie du développement qui se lit
bien, c'est un grand luxe en soi, mais en plus celui-ci a le mérite
d'expliquer clairement les progrès de la recherche, les zones
d'ombre, … De loin le livre que je recommande le plus pour
découvrir la psy du développement.
Psychologie du développement, Collection Grand Amphi : ça donne une idée plus directe de ce qui est
fait en fac, par contre c'est peut-être un peu indigeste avant de
commencer la 1ère année
Sinon pour les plus courageux·ses vous pouvez lire Piaget directement,
même si c'est par certains aspects dépassé ça reste une référence
et ce ne sera pas du temps perdu.
La psychologie
sociale
A ne pas confondre avec la sociologie (mais ne demandez pas la
différence à un·e sociologue si vous n'avez pas d'aspirine à portée
de main), c'est l'étude de l'influence des autres individus (groupe,
groupe extérieur, figure d'autorité, société en général ou même
une seule personne) sur l'individu, au niveau des pensées comme des
comportements. Parmi les expériences les plus connues, on a par
exemple vu que des individus pouvaient donner une réponse fausse à
une question évidente si d'autres personnes donnaient toutes la
réponse fausse avant (expérience d'Ash), que quelqu'un accepte
plus facilement de rendre service si il y a un contact physique (sur
l'épaule ou l'avant-bras, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas
dit!) avant ou si on lui indique qu'iel n'est pas obligé·e, que le fait
d'être la cible d'un stéréotype peut influencer une performance
conformément au stéréotype (effet de la menace du stéréotype),
que plus il y a de personnes présentes moins on aide quelqu'un qui
est en danger, ou encore que quelqu'un de parfaitement normal peut
électrocuter un·e inconnu·e jusqu'à un danger de mort sans qu'on l'y
contraigne par la force dans un certain contexte (expérience de
Milgram sur la soumission à l'autorité). La psychologie sociale a
pas mal inspiré le cinéma : I comme Icare pour
l'expérience de Milgram (que je n'ai pas encore vu d'ailleurs il
faudrait que je m'active), Compliance (tiré d'un fait divers
réel mais où plusieurs mécanismes identifiés par la psychologie
sociale sont en œuvre) ou encore L'Expérience qui est une
adaptation (très très) libre de la célèbre expérience de
Stanford où des sujets étaient recrutés pour être garde ou
prisonnier (selon le tirage au sort) dans une fausse prison
(l'expérience a été interrompue avant la fin à cause de l'état
psychique des prisonniers et de la cruauté des gardes).
Qu'est-ce
que je peux lire d'utile entre la terminale et la rentrée?
www.psychologie-sociale.com .
Bon ben vous avez déjà le lien, autant surfer dessus (c'est là pour ça), vous n'avez
pas spécialement besoin que je vous raconte ce qu'il y a sur le
site.
Soumission à l'autorité, de Stanley Milgram. Pourquoi?
Comment ça pourquoi? C'est le livre de Milgram! Sur l'expérience de
Milgram! Non mais allo quoi!
Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens,
de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois. Comme son nom
l'indique, le livre, après avoir fait la différence entre opinion
et comportement, donne une liste de techniques identifiées par la
recherche pour influencer son prochain. La lecture est ludique, et
contrairement aux apparences le livre ne servira pas spécialement à
faire de vous un·e commercial·le redoutable (même si ça peut aussi) mais
surtout identifiera, indirectement ou non, certains concepts
importants de la psychologie sociale (différence entre opinion et
comportement déjà évoquée, dissonance cognitive, …). Vous pouvez en avoir un aperçu ici : http://www.psychologie-sociale.com/index.php?option=com_content&task=view&id=221&Itemid=88 . Et si ça
vous a plu, c'est magnifique, il y a une suite (La soumission
librement consentie).
The Lucifer Effect. How good people turn evil, de Phillip
Zimbardo. L'auteur de l'expérience de Stanford revient longuement
sur ladite expérience, puis dans une deuxième partie fait un
inventaire de ce que la psychologie sociale peut nous apprendre, à
travers la recherche directement ou à travers certains faits divers,
sur les éléments qui peuvent transformer l'individu en héros ou en
bourreau (la troisième partie est un développement sur la deuxième
guerre des Etats-Unis en Irak et sur les maltraitances des gardes sur
les prisonniers à Abu Ghraib). Le livre a cependant le double
inconvénient de ne pas exister en français et de faire 400 pages
(écrit petit).
Tous racistes? et Psychologie sociale des valeurs, de Pascal
Morchain. Courts et pédagogiques, ces deux livres permettent de
mieux comprendre comment notre opinion est influencée, dans une
certaine mesure à notre insu, et qu'il n'est pas si facile de
s'affranchir de cette influence.
La neurologie
Le terme est souvent utilisé comme un truc un peu magique, pour
donner une aura ultrascientifique (comme Tobie Nathan qui explique
dans La Nouvelle Interprétation des rêves que Freud est
dépassé grâce aux neurosciences parce qu'on sait maintenant que
les chiens et les bébés rêvent, ce qui est à la fois une ânerie
sur Freud -ce n'est pas contradictoire avec sa théorie- et une
exagération sur les neurosciences -pas besoin d'imagerie cérébrale
pour constater qu'un chien rêve, même si à la limite ça permet de
le confirmer-) ou totalitaire (comme le terme de neuromarketing -non,
aucune pub ne va vous faire marcher dans un état second pour aller
acheter un produit toutes affaires cessantes-) à un propos, mais la
neurologie est une science comme une autre, avec des progrès qui
sont faits au fil du temps, des chercheurs·ses qui se posent des
questions, …
Le cerveau (ou système nerveux central, qui comprend la moelle
épinière) est impliqué dans les mouvements, les perceptions, la
réflexion, la mémoire, la planification, … Quelques zones clef
sont particulièrement identifiables (cortex, hypothalamus,
hippocampe, …) mais il sera surtout question d'interactions entre
ces zones, à travers entre autres des hormones et des
neurotransmetteurs, ce qui complique les choses. Si vous avez comme
moi une mémoire auditive plutôt que visuelle, vous allez passer
quelques mauvais moments pour retenir les cours, mais ce n'est pas
insurmontable, j'en suis la preuve vivante (j'ai ma licence,
ouaaaiiiiis \o/). La recherche se base sur l'imagerie cérébrale
mais aussi, par exemple, sur l'étude de l'effet des lésions (c'est
en identifiant une lésion et son effet sur un patient -mais il a du
attendre sa mort pour vérifier et localiser ladite lésion parce que
l'imagerie à l'époque n'était pas au top- que le professeur Broca
a fait radicalement avancer les choses en montrant que différentes
zones du cerveau avaient différentes fonctions, et que le cerveau
n'était pas une sorte de bloc polyvalent, ce que certain·e·s
scientifiques pensaient alors). L'un des grands enjeux des
neurosciences, en plus de donner un angle supplémentaire de
compréhension du psychisme, est la rééducation.
Qu'est-ce que je peux lire d'utile entre la terminale et la
rentrée?
L'homme-thermomètre, de
Laurent Cohen. En partant d'un cas clinique précis (un patient qui
répond "un thermomètre" à chaque fois que l'auteur
lui demande de désigner un objet à l'occasion d'un entretien diagnostic),
Laurent Cohen fait découvrir le cerveau et son fonctionnement sous
différents aspects, en reprenant aussi les principales avancées des
neurosciences au cours de l'Histoire. Le lieu commun quand on parle
du livre est de dire qu'il est construit comme une enquête
policière, et force est de constater qu'il se lit bien, et est
intéressant même pour quelqu'un qui ne se passionne pas
spécialement pour la psycho.
L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau,d'Olivier Sacks. C'est un classique (il a même été adapté en
opéra!), et vous vous doutez qu'un livre
avec un titre pareil ne peut qu'être bien. La part technique n'est pas forcément très poussée mais concerne des bases qui vont forcément revenir dans le cursus, et les cas cliniques sont accompagnés de réflexions qui seront utile à tout clinicien.
Voyage extraordinaire au centre du cerveau,
de Jean-Didier Vincent. A réserver aux plus courageux, ou du moins
aux plus à l'aise avec la bio. Si le livre tient les promesses du
titre dans la mesure où le ton est très poétique et donne en effet
la sensation de voyager, aucune concession n'est faite sur la
complexité du sujet et il faut souvent s'accrocher. Un gros atout du
livre est que chaque article se conclut par une brève interview d'un·e
spécialiste, qui là est compréhensible par le·a profane et souvent
très intéressante (je dois à l'intervention d'Olivier Houdé un 14
en psy du développement en première année qui ne reflétait pas
vraiment voire vraiment pas mon niveau, donc j'insiste elles sont très bien ces
interviews!)
Neurocomix,
de Matteo Farinella et Hana Ros. Le livre a l'avantage d'être une
bande-dessinée, ce qui est plutôt bien pour une discipline qui est
en grande partie visuelle, et se spécialise sur le fonctionnement
des neurones, partie assez technique. C'est donc une façon agréable
et pratique d'aborder une partie de la neurologie qui n'est pas
nécessairement la plus passionnante.
Les stats
Je ne peux pas faire de musique qui
fait peur avec le titre, et c'est bien dommage. Les stats effraient
pas mal d'étudiant·e·s, dont moi (à cette peur s'ajoute parfois
l'indignation, qui n'a bien sûr rien à voir avec le fait de devoir
encore se taper des maths, que la psycho ça se fait avec des gens,
pas avec des équations). En fait, le truc le plus important à
retenir des cours de stats, c'est le texte qu'il y a sur la
magnifique image qui illustre l'article. P<.05, ça veut dire
qu'il y a moins de 5% de chances que les différences entre les sets
de données testés soit due au hasard (en général une condition contrôle
et expérimentale), ce qu'on appelle une différence significative
(oui, ça veut dire que quand un·e chercheur·se dit qu'iel a identifié un
effet, en fait ça veut dire qu'il y a jusqu'à 5% de chance que le
hasard ait fait le résultat, c'est comme ça qu'on peut faire croire que manger du chocolat ça fait maigrir). Les stats servent
donc surtout pour la recherche (pour en faire, ce qui va être
demandé pour le mémoire de Master et/ou de Master 2, mais aussi
pour comprendre les articles de chercheur·se·s qu'on lit). Vous aurez
donc à savoir à quoi servent les différentes équations qui
permettent soit d'arriver à ce précieux résultat p (et qui portent
de doux noms comme Khi-2, Anova, K de Kruskall-Wallis, t
de Student, …) soit de mesurer une corrélation (ça s'appelle
coefficient de corrélation, c'est plus facile à retenir!), et à
savoir les faire à la main et/ou avec un logiciel (pour finir de
toutes façons si vous faites de la recherche à haut niveau
-doctorat, ...- par demander à un·e statisticien·ne de vous aider à
faire cette partie là).
Qu'est-ce
que je peux lire d'utile entre la terminale et la rentrée (et même
tant qu'à faire qui peut m'accompagner pendant la licence pour ce
moment douloureux)?
Pour comprendre les raisonnements derrière, comment ça marche, les
intérêts et les limites des différentes équations, je ne peux que
vous conseiller le très agréable à lire (oui, je sais que c'est
étonnant, je suis même le premier à m'en rendre compte)
Statistiques pour statophobes, qui est sympa à lire déjà
pour tous les cursus qui impliquent des stats (les mêmes sont
demandées que ce soit en psycho ou autre, du moment qu'il faut
comparer des données) mais même par curiosité par quelqu'un qui ne
sera pas contraint d'en faire. C'est en accès libre sur le net,
allez-y sans crainte, c'est le premier pas le plus difficile.
Pour faire les équations en question, ce qui peut servir parce que
c'est un peu demandé aux partiels et donc noté, La statistique descriptive en psychologie en 32 fiches et Les tests d'inférence en psychologie en 23 fiches, de Nicolas Guéguen, qui m'ont sauvé la vie parce qu'arrivé en deuxième
année j'étais vraiment désespéré. C'est rangé par opération,
expliqué clairement (pour de vrai!) et brièvement, et s'il y a
besoin ça peut être compété par un livre d'exercice. J'insiste,
je sais que je ne suis pas le seul à être vite perdu en maths et
j'aurais été bien embêté sans ces livres là.
Assez complexe mais destiné au grand public, et très axé sur la pratique, le blog Allodoxia permet de voir à travers des exemples de recherches comment fonctionnent, très concrètement, les stats (et vu que c'est pour montrer que des recherches sont vulgarisées de façon fallacieuse, l'intérêt d'en comprendre finement le fonctionnement est plutôt limpide). Et en plus de ça, c'est l'occasion de booster ses connaissances en neurologie, en génétique, en psychologie sociale, ou encore de mieux savoir où vous mettez les pieds dans vos lectures perso puisque plusieurs vulgarisateur·ice·s très actif·ve·s sont épinglé·e·s (dont certains pour lesquels je n'avais pas la moindre méfiance, il doit en rester des traces sur ce blog). Bref, je recommande.
Assez complexe mais destiné au grand public, et très axé sur la pratique, le blog Allodoxia permet de voir à travers des exemples de recherches comment fonctionnent, très concrètement, les stats (et vu que c'est pour montrer que des recherches sont vulgarisées de façon fallacieuse, l'intérêt d'en comprendre finement le fonctionnement est plutôt limpide). Et en plus de ça, c'est l'occasion de booster ses connaissances en neurologie, en génétique, en psychologie sociale, ou encore de mieux savoir où vous mettez les pieds dans vos lectures perso puisque plusieurs vulgarisateur·ice·s très actif·ve·s sont épinglé·e·s (dont certains pour lesquels je n'avais pas la moindre méfiance, il doit en rester des traces sur ce blog). Bref, je recommande.
L'anglais
En psycho, un bon niveau d'anglais est utile (à plusieurs reprises,
j'étais bien content d'avoir fait une licence d'anglais avant), en
particulier pour lire les publications scientifiques, ce qui sera
plus que recommandé pour préparer les mémoires. Je pense qu'on
peut s'en sortir jusqu'à la licence sans maîtriser spécialement
l'anglais (c'est juste plus laborieux), mais à partir du Master
c'est probablement beaucoup moins dispensable. Après, en dehors
d'apprendre le vocabulaire spécifique de la psycho (ce qui se fera
de toutes façons par la force des choses, en lisant des textes de
psycho en anglais), il n'y a pas vraiment de méthode magique. La
meilleure façon d'apprendre une langue, c'est de la pratiquer. Je
n'avais pas de facilités en anglais pendant ma scolarité parce que
j'aimais bien l'anglais, mais parce que j'aimais bien les jeux vidéo
(beaucoup plus rarement traduits dans ma prime jeunesse) et le
free-fight (il y avait plus d'infos sur les sites anglophones). Pour progresser, trouvez quelque chose que vous aimez
faire (forum ou site de news sur Internet, correspondance avec un·e ami·e, série TV ou film
anglophone -avec les sous-titres anglais c'est infiniment plus
formidable- éventuellement que vous avez déjà vu si vous avez peur
de mal comprendre, ...), l'idée c'est de vous dire que vous faites
un truc qui vous plaît (qui a au pire l'inconvénient d'être en
anglais), pas que vous faites de l'anglais, et de pouvoir y passer du
temps.
La psychologie
clinique
Nous y voilà enfin, la psychologie "normale", celle qui sert à
soigner les gens (non, ceux et celles qui se sont inscrit·e·s en psycho en
connaissance de cause pour la psy sociale ou cognitive, je ne vous
entends pas, c'est peut-être parce que je suis en train de faire
lalalalalala en me bouchant les oreilles). Au risque de décevoir,
vous n'allez pas vraiment apprendre directement à soigner les gens,
déjà parce qu'il y a à peu près quelques milliards de méthodes
qui existent (psychanalyse, thérapies cognitivo-comportementales,
psychologie positive, thérapie systémique, hypnose, EMDR, …) même
en éliminant celles qui sont fantaisistes (bon, d'accord, j'ai
peut-être un peu exagéré sur le nombre, mais pas tant que ça), et
aussi parce que ça implique la disponibilité de patient·e·s (si vous
arrivez à vous former à une thérapie en vous entraînant sur votre
table basse, n'hésitez pas à me contacter parce que ça
m'intéresse!). Si vous voulez vous spécialiser dans un type de
thérapie, il faudra donc probablement compléter votre parcours
universitaire par une formation spécifique. Ce n'est pas pour
autant que le programme n'est pas chargé, certains éléments sont
importants à maîtriser quelle que soit la méthode : la
psychopathologie (identifier les différents troubles psychiques),
les spécificités de l'entretien clinique, l'attachement, les
facteurs de risque, … Deux choses importantes si vous souhaitez
vous spécialiser en psychanalyse : d'une part choisissez bien
votre fac car la proportion de psychanalyse dans les enseignements
est extrêmement variable d'une fac à l'autre, et d'autre part le
titre de psychanalyste (qui n'est pas réglementé donc qui pour
valoir quelque chose doit être délivré par une association
spécialisée, qui dans les faits sera en France dans la plupart des
cas soit la SPP soit l'APF) n'est pas un diplôme universitaire et
demande donc une formation spécifique (qui peut bien sûr être
faite parallèlement à une fac de psycho) qui implique une analyse
didactique (passer sur le divan, si je ne me trompe pas c'est en
général de l'ordre de deux à trois séances par semaine pendant au moins 3
ans).
Qu'est-ce
que je peux lire d'utile entre la terminale et la rentrée?
Comme la psychologie clinique est la discipline qui m'intéresse le
plus, ce n'est pas évident de recommander des livres en particulier,
je vais forcément avoir la sensation soit de trop m'éparpiller soit
d'oublier des titres importants. Bon, je me lance quand même.
Trilogie Attachement et perte, de John Bowlby (L'attachement,
La séparation, angoisse et colère, La perte, tristesse et
dépression). L'attachement est le plus souvent présenté à
travers le dispositif de la situation étrange, de Mary Ainsworth
(qui a beaucoup travaillé avec Bowlby et dont les recherches font
partie intégrante de la trilogie), sur le comportement d'un enfant
de 1 ans lorsqu'il retrouve sa mère après être resté trois
minutes avec un inconnu (sa réaction permet de déterminer un mode
d'attachement sécure, anxieux-évitant, anxieux-ambivalent ou
désorganisé). Le concept d'attachement a de nombreux enjeux
cliniques, et a été beaucoup repris par Cyrulnik, par exemple.
Bowlby reprend les connaissances existantes et les développe à
travers ses propres recherches, travaillant sur le deuil (y compris
de deuil de l'enfant ou le deuil chez l'enfant), l'angoisse de
séparation, … Certes c'est un peu long (en même temps, ça reste
plus court que cette fameuse histoire de hobbit qui met 1500 pages à
balancer une sorte de bague dans un volcan) mais c'est vraiment une
lecture importante.
La relation d'aide et la psychothérapie, de Carl Rogers.
Que l'on se spécialise ou non dans la méthode thérapeutique de
Carl Rogers (l'approche centrée sur la personne), le métier de
psychologue clinicien consiste en grande partie à échanger avec des
patient·e·s (bon, Carl Rogers dit client·e, mais je vais dire patient·e
parce que j'ai envie), et la méthode de relance de Rogers est
particulièrement efficace, tout en s'inscrivant dans une démarche
de respect des ressources de l'interlocuteur·ice et d'humilité du ou de la
thérapeute. Pendant ma courte expérience de stagiaire, c'est cette
méthode qui m'a le plus servi.
Conférences d'introduction à la psychanalyse, de Sigmund
Freud. La psychanalyse est beaucoup moins dominante dans la clinique
qu'elle a pu l'être avant, donc vous n'allez pas forcément avoir de
cours de psychanalyse pendant votre cursus, ni forcément avoir envie
d'en avoir, mais il y a quand même de fortes chances que vous en
entendiez au moins parler. Ce livre de Freud (qui en plus est
sûrement dispo gratuitement sur le net puisqu'il est maintenant
libre de droits) vous permettra de savoir plus clairement de quoi
vous entendez parler (je n'irais pas jusqu'à dire qu'on entend
parfois des contrevérités, mais presque...). Et si vous vous
intéressez à la psychanalyse, c'est un bon moyen de démarrer!
L'entretien clinique, dirigé par Colette Chiland. Clair et
offrant un très bon compromis entre la théorie et la pratique, ce
petit livre très populaire parmi les étudiant·e·s qui l'ont lu est une
bonne façon d'approcher les différents enjeux et problématiques
de, vous ne devinerez jamais, l'entretien clinique.
En analyse. Bien que la série s'appelle En analyse,
l'approche analytique du thérapeute n'est pas particulièrement
marquée (le titre américain est d'ailleurs In Treatment -En
thérapie- ) et c'est une bonne illustration en vidéo de différentes
situations que le·a practicien·ne peut recontrer.
Introduction à la psychopathologie de l'adulte, d'Evelyne
Pewzner. Le fait qu'il soit destiné aux débutant·e·s ou aux
non-spécialistes, la perspective historique de l'approche et la
présence de textes originaux de chercheur·se·s qui ont découvert des
pathologies font que ce livre est particulièrement adapté pour une
première approche de la psychopathologie.
Coffrets DVD Être Psy. Ce sont des coffrets d'entretiens
d'un sociologue avec des practicien·ne·s, psychanalystes dans le coffret
n°1 (interrogés en 1973 puis en 2008) et psychothérapeutes dans le
volume 2. Comme c'est de la vidéo ça change un peu des livres, et
c'est toujours intéressant de voir des practicien·ne·s expérimenté·e·s
parler de leur parcours et de leur approche personnelle de la
pratique.
Si vous vous intéressez à une pathologie en particulier, les
patient·e·s savent parfois très bien en parler, comme là ou là.
En dehors des disciplines dont j'ai déjà parlé, il existe des
disciplines transversales, comme la psychologie différentielle
(faire la différence entre des individus, que ce soit au niveau des
performances -un entretien d'embauche, c'est de la psychologie
différentielle- ou de la personnalité), la psychologie du travail
(qui peut concerner la psychologie sociale -management-, la
psychologie cognitive -ergonomie- ou la psychologie clinique
-prévention du burnout-... à part un cours de psychologie
ergonomique en 1ère année, je n'ai eu aucun cours de psychologie du
travail mais c'est peut-être plus présent dans d'autres facs), ou
encore la criminologie (il existe des Master et des DU mais par
contre je pense qu'en licence c'est très rarement enseigné). Il y a
aussi des chances que vous ayez un stage à effectuer (pour valider
un Master 2 c'est 500 heures obligatoires de toutes façons, mais
avant il n'y a pas de réglementation donc ça doit beaucoup dépendre
des facs). Je ne saurais trop vous conseiller d'en faire autant que
possible (les vrai·e·s patient·e·s ne sortent pas des livres ni des
fichiers pdf, même si on leur demande super gentiment), le seul
problème c'est surtout d'avoir le temps (si par exemple vous avez
une vie à côté) ou accessoirement de les trouver.
La logique voudrait que je conclue le post sur des
conseils, mais vu qu'il y a une façon d'apprendre par personne (et
aussi un peu qu'on ne peut pas dire que j'ai eu la licence
largement), je ne vois pas grand chose à dire de transcendant... Apprenez bien
vos cours mais ne vous contentez pas des cours, mangez 5 fruits et
légumes par jour (par exemple si vous mangez un Big Mac il y a des
oignons et de la salade donc ça fait déjà deux), brossez-vous bien les dents, dormez bien parce que c'est important... ah et puis lisez ce
blog bien sûr, ça c'est essentiel! Plus sérieusement (mais pas
beaucoup plus original) il y a pas mal de matières différentes
entre elles donc vous allez probablement être en difficulté à un
moment où à un autre (en ce qui me concerne j'ai été assez
désespéré par les stats, et il m'a fallu presque 5 ans pour
m'apercevoir que je ne savais pas apprendre par cœur et qu'il
fallait peut-être m'en préoccuper), ne vous découragez pas, et
pour celles et ceux qui font des études par correspondance (psycho ou autre
d'ailleurs), ne restez surtout pas isolé·e·s, échangez avec d'autres
étudiant·e·s, que ce soit par forums, mailing list, réseaux sociaux
voire rencontres en vrai avec les étudiant·e·s qui sont proches
géographiquement, autant d'un point de vue utilitaire (comprendre
les exigences incongrues de tel·le ou tel·le prof, résoudre les énigmes
administratives en recoupant les infos et les sources, comprendre tel
ou tel point du cours, …) que pour avoir un soutien moral et
limiter la sensation d'isolement.
Bon, c'est fini, c'était un peu long (vous êtes
encore là? sérieusement?), maintenant la parole est à vous. Des
questions? Des trucs à ajouter ou à rectifier?
Eh bien déjà toutes mes félicitations :) et bon courage pour la suite.
RépondreSupprimerJe finis (j'espère) le 1er semestre de L3 demain et samedi.
Je continuerai à venir de temps en temps pour vos super fiches de lecture.
Merci de ce blog rafraichissant et encourageant.
Françoise
Merci :)
RépondreSupprimerJe réagis un peu tard donc je te souhaite bonne chance a posteriori (on va dire que c'est bonne chance pour la correction des copies), le premier semestre de L3 ça vaut le coup d'en être débarrassé, il y a Attention Perception Mémoire ET le calcul d'Anova en stats!