"Cours, documents, exercices", nous indique la couverture, comme au lycée, même si le livre est bien destiné au 1er cycle universitaire (et au cas où, il est discrètement rappelé à plusieurs reprises qu'il y en a d'autres dans la même collection). Le livre est divisé en 7 chapitres qui couvrent chacun un aspect de la psychologie du développement (acte sur l'objet, acquisition du langage parlé, développement des liens interpersonnels, …), et comme l'éditeur n'est pas un menteur, il y a bien pour chaque chapitre cours (texte écrit par l'auteur·ice accompagné d'une bibliographie conseillée) et documents (textes d'autres auteur·ice·s, protocoles expérimentaux, …) avec des exercices correspondant à chaque document... et le niveau d'exigence des exercices est très, très très variable, allant des questions de compréhension qui se font en 15 secondes (et presque jamais corrigées, si vous n'avez rien compris au texte vous ne le saurez pas, il n'y a même pas les réponses des exercices de l'édition précédente, c'est dire!) aux questionnaires à élaborer soi-même et à faire passer, voire à l'expérience à faire soi-même (c'est pas long, juste trouver de nombreux enfants et parents coopératifs, le matériel, un local, …). Chaque étudiant·e peut donc faire selon son ambition... bon, surtout les étudiant·e·s très ambitieux·ses.
Dans la mesure où
l'individu, aux dernières nouvelles, est un tout, son développement
non plus n'a pas l'obligeance de se compartimenter pour faciliter le
travail des chercheur·se·s, il y a donc des redites entre les différentes
parties (difficile de parler d'acquisition du langage en faisant
obstruction des liens interpersonnels, ou d'interaction avec les
objets en ignorant l'existence du développement cognitif), mais ça
ne pose problème que si on comprend et retient tout du premier coup,
donc ce défaut ne dérangera que des gens qui n'existent pas.
Le contenu lui-même
est généralement contextualisé et problématisé, mais comme un
secteur très vaste est couvert en peu de temps, la complexité
augmente vite (avant, bêtement, je disais "ma fille est
-forcément- un génie, elle donne à manger à sa poupée!", au
lieu de dire "ma fille introduit et gère explicitement des
coréférents non actuels", ce qui est quand même autrement plus sérieux) et des notions importantes sont expliquées
en accéléré, d'où les fréquentes invitations à approfondir. Les
mots nouveaux/importants/compliqués (oui ce sont trois choses
différentes, mais en général ce sont les mêmes mots) sont en gras
et définis sur le côté, ce qui est très pratique. Sans surprises
dans un livre destiné aux étudiant·e·s, sont détaillés aussi bien
des savoirs acquis (stades piagétiens, zone proximale de
développement, différents types d'attachement d'Ainsworth, données
linguistiques qui permettent de comprendre l'acquisition du langage,
...), des confrontations théoriques importantes (en particulier
entre Vigostky et Piaget ou Chomsky) et des points de méthodologie
(études transversales -par exemple pour étudier une évolution de 6
à 8 ans on expérimente sur un groupe d'enfants de 6 ans et un
groupe d'enfants de 8 ans- et longitudinales -faire l'expérience sur
des enfants de 6 ans et la refaire 2 ans plus tard sur les mêmes
enfants-, prise en compte des capacités de l'enfant à comprendre et
suivre une consigne, rôle à donner aux parents, ...). Le dernier
chapitre, original, concerne le secteur encore peu exploré du
développement vie entière et les tentatives qui ont été faites de
mesurer entre autres l'évolution individuelle de la personnalité au
cours du temps, la réalité objective de la sénescence, et les
conséquences cliniques et de prévention qui ont pu en être tirées.
Synthétique parce que
couvrant les secteurs principaux de la psychologie du développement
qui sont donc forcément des secteurs extrêmement riches, mais
donnant les moyens et surtout l'envie d'approfondir, le livre remplit
à mon avis parfaitement son rôle de livre scolaire, et incite à
avoir sous la main les autres volumes de la même collection.
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