samedi 21 septembre 2024

Humanistic Psychotherapies. Handbook of Research and Practice, dirigé par David Cain, Kevin Keenan et Shawn Rubin


  Dans un souci de crédibiliser les thérapies humanistes et de les faire évoluer sur des bases solides, les auteur·ice·s ont entrepris un travail d'envergure de lecture détaillée de la recherche scientifique, d'une part pour confirmer que ça marche, et d'autre part pour comprendre le plus finement possible ce qui marche. Et le travail d'envergure a été fait deux fois, puisque la seconde édition date de 2016 et la grande majorité des chapitres contient un commentaire détaillé de la recherche avant les années 2000, et après (la première édition date de 2002).

 Le contenu, vous l'imaginez sans peine mais je vous le répète quand même (parce que je viens de me taper le livre), est extrêmement dense, et on en est presque au stade où chaque virgule est sourcée. Les fondements théoriques, l'histoire de la construction desdits fondements, ce qu'on sait de l'efficacité de tel ou tel modèle et d'où viennent lesdites connaissances, tout ça est détaillé pour les principaux modèles thérapeutiques des thérapies humanistes, soit l'Approche Centrée sur la Personne (David Murphy et Stephen Joseph, auteurs de ce chapitre, oublient de spécifier que c'est la meilleure approche de l'Univers, mais rappellent que la recherche a été importantes pour Rogers dès le début et qu'il a été un pionnier de l'évaluation scientifique des théories avancées), la Gestalt thérapie contemporaine (les Gestaltistes semblent juger très important de rappeler que la Gestalt d'aujourd'hui ne ressemble pas à l'entretien de Perls avec Gloria), le focusing, les thérapies existentialistes (j'ai par exemple appris qu'il y avait des preuves d'efficacité de la logothérapie sur la dépression) et la Thérapie Centrée sur les Emotions. Un chapitre est également consacré aux approches humanistes pour la thérapie familiale et de couple, et pour la thérapie avec les enfants.

 Mais, et c'est assez transparent que ça tient particulièrement à cœur aux auteur·ice·s, c'est sur ce qui aide dans l'attitude du ou de la thérapeute, et dans l'adaptation aux client·e·s, que le livre s'achève. L'importance de la relation, à de nombreux niveaux, est mise en avant ("les résultats scientifiques confirment très fortement la conclusion selon laquelle une bonne issue thérapeutique est associée aux fortes compétences relationnelles du thérapeute"), avec des informations, vous l'aurez compris, denses, pour l'intégrer au mieux dans la thérapie. Il est d'ailleurs déploré avec surprise qu'il ne semble pas y avoir de recherche sur l'effet du niveau d'implication du ou de la thérapeute dans la thérapie. Le contenu est exigeant, les auteur·ice·s le sont aussi, puisqu'ils ont des mots particulièrement forts sur le manque de remise en question général des thérapeutes : "C'est un choc de réaliser que l'efficacité thérapeutique ne tend pas à s'améliorer avec l'expérience professionnelle. Le fait que la confiance des thérapeutes, sinon leur expertise, augmente avec l'expérience, aide à expliquer ce constat regrettable.". Iels sont formel·le·s : continuer de se former (ce qui peut passer par lire, relire et rerelire leur livre, il y a de quoi s'occuper un moment pour tout intégrer!), ne pas surestimer son efficacité (des recherches citées montrent que c'est un défaut répandu), se remettre en question ce qui passe en grande partie par savoir écouter les client·e·s plus que sa propre expertise, ce n'est absolument pas négociable. Peut-être plus inattendu : avoir une approche de plus en plus intégrative est également recommandé.

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