Par
sa simple venue au monde, le bébé est créateur de nombreux
enjeux : il recompose l’arbre généalogique (ses parents
deviennent parents, ses grands-parents deviennent grands-parents, …),
le couple amoureux devient aussi couple parental, des attentes
inconscientes sont posées sur lui en tant que dépositaire d’une
continuité familiale, d’une culture, … Dans ce livre plutôt
récent (2015), les auteur·ice·s proposent des pistes d’exploration
de ces différents aspects dans la clinique, avec le cadre théorique
de la psychanalyse.
Reconstruction de la relation de couple, échos inconscients des
interactions avec le bébé, le champ des applications concrètes est
vaste. Le livre lui-même couvre des aspects très divers, allant des
observations cliniques (parfois dans le cadre de la recherche,
parfois dans le cabinet du ou de la thérapeute) aux développements
théoriques plus novateurs (Didier Houzel explique comment il
interprète la phrase de Frances Tustin "Au fond l’Oedipe c’est
le partage", qui l’avait laissé perplexe quand il l’a entendue, ...)
en passant par l’exploration plus en longueur d’aspects
spécifiques, tels que les représentations autour du fœtus, qui ont
nécessairement évolué avec les progrès technologiques et médicaux
(le chapitre, de Sylvain Missonnier, est adroitement intitulé "Sa
majesté le fœtus") ou, dans le chapitre (de Drina
Candilis-Huismman) dont j’ai regretté la brièveté, les parents
handicapés (qui doivent souvent, en plus de gérer leur propre
rapport à la parentalité et les difficultés éventuelles
d’accessibilité, composer avec les insécurités et
représentations des personnels soignants!).
Les
nombreux enjeux évoqués pourront bien sûr intéresser tout·e
clinicien·ne, qui a de fortes chances d’avoir affaire à un moment
ou un autre de sa carrière à des parents voire, sait-on jamais, à
des personnes qui se trouvent avoir des parents, mais aussi à tout·e
professionnel·le travaillant dans le milieu de la périnatalité.
Certains passages sont vraiment techniques et nécessitent des
connaissances avancées (que je n’avais absolument pas) sur Freud,
Winnicott, Klein, Bion, pour tout saisir, mais une grande partie du
livre reste accessible avec des notions très basiques en psychanalyse. J’ai regretté une conception assez monochrome de la
parentalité, qui sur l’ensemble de la lecture semble concerner
pour l’essentiel des couples hétérosexuels, encore ensemble,
parents de l’ensemble de la fratrie, ce qui ne me semble pas
correspondre tant que ça au monde réel. C’est peut-être un choix
des auteur·ice·s de se limiter aux spécificités de cette situation, qui
recouvre déjà une certaine complexité, mais il n’est pas
particulièrement mentionné que, si elle correspond à la
représentation spontanée et normative du concept de parents, c’est
une situation spécifique parmi d’autres.
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