mercredi 9 décembre 2020

What works for whom, a critical review of treatments for children and adolescents, de P. Fonagy, D. Cottrell, J. Phillips, D. Bevington, D. Glaser et E. Allison



 12 ans après leur première édition, pour cette mise à jour datant de 2015, les auteur·ice·s renouvellent leur gigantesque revue de la littérature scientifique pour identifier les traitements dont l'efficacité est la mieux attestée, pour un nombre très élevé de troubles (autisme, addiction, troubles du comportement alimentaire, comportements délinquants, troubles de l'apprentissage, traumatisme, troubles psychosomatiques et gestion de la douleur, ...) chez l'enfant et l'adolescent. Si les limites de l'entreprise sont très clairement formulées (un guide de la conduite à suivre selon le trouble demanderait tout un volume supplémentaire, aucun traitement ne fonctionne tout le temps pour tout le monde, le choix du bon traitement ne garantit pas pour autant la qualité des soins, ...), mais l'enjeu reste de taille : les enfants et adolescents tendent à devenir des adultes, donc la prévention est d'autant plus importante, et les pratiques dans leur ensemble sont encore loin de correspondre à l'état de la science.

 Pour chaque trouble ou ensemble de troubles sont présentés l'épidémiologie, les critères diagnostics (quand il n'y a pas de consensus, les différences sont détaillées), les risques de comorbidité, et enfin l'évaluation des traitements. Cette partie est souvent très longue parce que détaillée, et la lecture n'est pas particulièrement aisée : beaucoup de termes techniques (oui, ils sont définis, mais ça reste des termes techniques), beaucoup d'abréviations, beaucoup de chiffres... sans compter que les médicaments sont aussi évalués, ce qui est certes indispensable mais demande des compétences supplémentaires pour intégrer le contenu. Toutefois, les auteur·ice·s fournissent charitablement un résumé des points principaux en fin de chapitre et, en fin de livre, un nouveau résumé de chaque chapitre. L'accessibilité est en effet partie intégrante de la démarche : c'est régulièrement mentionné dans le chapitre de conclusion, mais l'un des enjeux principaux pour une meilleure santé publique selon les auteur·ice·s est une sensibilisation des familles mais aussi de nombreux professionnel·le·s (soignant·e·s, enseignant·e·s, travailleur·se·s sociaux·ales, ...) aux troubles de la santé mentale, une intervention rapide et une communication optimale entre les institutions (aucun·e psychologue ou psychiatre, seul·e, ne disposera de tous les outils nécessaires) constituant les progrès qu'iels appellent le plus de leurs vœux.

 La structure du livre permet un bon compromis entre l'exhaustivité (d'autant plus importante quand le niveau de preuve est le cœur de la démarche) et l'accessibilité : les spécialistes pourront comparer les recherches évoquées et en reprendre certaines dans le détail, les utilisateur·ice·s plus axé·e·s sur la pratique pourront se reporter au résumé pour mieux comprendre un diagnostic, un choix de thérapie, ou pour reconsidérer certaines idées reçues. Un certain nombre de questions sans réponse sont aussi présentées... peut-être pour une troisième édition?

 

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