Le·a lecteur·ice suivra le parcours de Pénélope Renard (qui est Jo Mouke, sauf quand ce n'est pas elle : "s'agissant d'un récit purement autobiographique, tout est vrai sauf ce qui a été inventé") dans l'univers perturbant et labyrinthique de l'HP-Kistan.
Le jour de la Saint-Valentin, Pénélope prend son courage à deux mains ("Y a pas de review Google des meilleurs HP du monde", "Peur qu'on me dise qu'il n'y a pas de problème. Qu'on ne m'accepte pas") et se présente aux urgences psychiatriques de l'hôpital Saint-Anne, prononce pour la première fois le mot de "toxicomanie", parle de ses pensées suicidaires et de ses tentatives, et est hospitalisée avec son accord ("Le fait d'habiter au quatrième étage semble un élément favorable à ma candidature"). Transférée au service Maison Blanche, elle restera longtemps au service psychiatrie, jusqu'à ce que son combat pour être admise au service addictologie... un étage plus bas, ne finisse par aboutir. Quelques pages seulement seront consacrées au séjour dans le nouveau service, où le travail thérapeutique (groupes de parole avec des personnes concernées, interventions adaptées aux besoins, ...) semble commencer vraiment.
La bande-dessinée rend extrêmement bien la sensation de confusion régnant à l' "HP-Kistan" : interlocuteur·ice·s, traitements, projets, changent, de même que l'état mental, les procédures recommandées (sinon qu'un séjour onéreux en clinique privée est très très souvent suggéré pour une meilleure prise en charge), l'espoir de Pénélope, celui de ses proches (qui ont par ailleurs un avis chacun·e sur ce qu'il convient de faire), ... Un immobilisme pesant s'articule avec le mouvement constant des rencontres, de la façon d'envisager l'étape suivante... Les rapports avec l'extérieur sont complexes aussi. Comment passer du temps avec ses parents en continuant de leur cacher ce qui a mené à l'hospitalisation? Est-ce qu'il faut dire oui ou non à ce projet pro séduisant qui va se matérialiser dans un avenir proche? Est-ce que c'est possible de faire face à la tentation violente du message d'un dealer ("Mes symptômes portent un nom : LE CRAVING. C'est le désir ultraviolent de consommer quoi qu'il en coûte, de chercher comment se procurer le produit sans capacité d'autorégulation, en totale perte de contrôle") alors qu'on commence enfin à aller mieux, et combien de fois ce sera possible?
Un parcours intense qui se termine par une dédicace "à la vie", mais qui contient aussi le rappel que la guérison, même partielle ("Dix ans!!! Et il se définit toujours comme dépendant!"), n'est pas l'issue pour tout le monde.
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