samedi 11 octobre 2025

Les émotions de l'enfant, d'Héloïse Junier et Mademoiselle Caroline

 

 La couverture de ce volume de la série BD Psy indique qu'il va s'agir de "ce que dit la science", et en effet l'autrice est docteure en psychologie de l'enfant et spécialiste des émotions (la dessinatrice elle-même a beaucoup écrit sur la santé mentale, par exemple et ), mais le contenu va vraiment être axé sur la difficulté des interactions avec les enfants au quotidien, des interactions qui, c'est rappelé à la fin, ne sont pas faciles même quand on est psy et qu'on a tous les outils en main. Le fil conducteur est d'ailleurs un dialogue entre une jeune adolescente et l'autrice, et la plupart du contenu est probablement accessible y compris pour des collégien·ne·s.

  En effet, dans le speed du quotidien (décuplé quand on a un voire plusieurs enfants), quand les adultes ont aussi leurs limites parce qu'ils s'avèrent généralement être des êtres humains (avec éventuellement des problèmes de santé mentale qui ajoutent à la difficulté, parce qu'ils s'avèrent généralement être des êtres humains), faire face à des réactions incompréhensibles, perçues comme disproportionnées et disons-le, pénibles ("les pleurs du bébé humain ont été façonnés par l'évolution pour être les plus stressants possibles", "toute parentalité repose sur un équilibre fragile entre les besoins des parents et ceux de leurs enfants"), peut générer un sentiment d'impuissance et de fortes tensions. Des réactions inadaptées ("la punition ne donne pas les ressources à l'enfant pour se calmer, perd progressivement son effet dissuasif, augmente la frustration de l'enfant, accroît le risque qu'il recommence") risquent d'augmenter le stress de part et d'autre et d'aggraver la situation, avec des conséquences lourdes quand le recours aux violences éducatives ordinaires (menaces, gifles, moqueries, ...) sont vues comme une solution au quotidien ("ces violences augmentent le risque d'agressivité, d'anxiété, de dépression, de délinquance, d'addiction, de prise de risque, etc.).

 L'attitude recommandée, par exemple en cas de forte colère d'un jeune enfant, est de laisser passer l'orage (ce qui, l'autrice en convient, n'a rien de facile) et de chercher l'apaisement avec une attitude douce (le câlin sera plus efficace que la tétine ou le doudou, mais ne sera pas efficace du tout pendant le pic de colère), d'exprimer ses besoins d'adulte qui ont une légitimité aussi et de chercher à identifier les vrais besoins de l'enfant (le concept de caprice ne correspond pas à la réalité du psychisme de l'enfant tel que la science le comprend aujourd'hui, en revanche la difficulté à réguler ses émotions est bien réelle et s'atténue avec l'âge).

  La clarté est là, les recommandations pratico-pratiques aussi (ça aurait changé beaucoup de choses si j'avais lu ce livre il y a... euh... quelques années), mais les informations sont argumentées et sourcées. Ce n'est pas une baguette magique, d'ailleurs c'est rappelé régulièrement, mais les outils de compréhension permettent d'éviter ou en tout cas de limiter fortement les risques d'escalade, et évidemment il n'y a aucune injonction à être un parent parfait, ce qui n'existe pas. 

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