Cette BD de vulgarisation de la série BD psy porte sur les enfants (et les adultes aussi, mais beaucoup moins) HPI, surdoués, EIP... bref qui ont une intelligence plus élevée que la moyenne (un QI supérieur à 130, soit une personne sur 40).
Nicolas Gauvrit est chercheur en psychologie cognitive mais aussi agrégé en mathématiques, et de fait le livre sera constitué de nombreuses stats... sauf que le·a lecteur·ice ne se verra pas infliger des graphiques indigestes, mais suivra le parcours de Violette, 8 ans, et Albert, 6 ans, et les questions qu'iels se posent, que se posent leurs parents, leurs enseignant·e·s, ... Les données chiffrées sont donc au service de la précision du propos et le rendent plus concret.
Les questions qu'on peut se poser sur les personnes HPI sont nombreux·ses, tant iels sont l'objet de discours innombrables, pas toujours très rigoureux. L'auteur dit à demi-mot ce qu'il en pense ("-Ah, il va dire que c'est de ma faute... Que c'est un bon business pour les autrices comme moi, n'est-ce pas? -Ah bon? Je n'y avais pas pensé"), et attribue les causes des plus négatifs de ces discours à des revendications qui datent de la mise en place du collège unique (mais depuis 2019, l'Education Nationale a des recommandations plus conformes à l'état de la science) et l'aspect tentant d'attribuer ses difficultés à ce profil ("se dire : je suis tellement intelligent que les autre ne me comprennent pas! c'est plus valorisant que se dire : "Du point de vue de l'intelligence, je suis dans la norme mais j'ai un gros problème ailleurs").
Si quelques difficultés sont favorisées par le profil HPI (ennui à l'école, maturité émotionnelle normale donc moins avancée que la maturité intellectuelle ce qui peut provoquer des incompréhensions, ...), ce n'est pas particulièrement négatif en soi ("les HPI sont, dans l'ensemble, plutôt satisfaits de leur travail, à condition qu'ils l'aient choisi", "leur salaire est plus élevé que la moyenne, de même que leur niveau social de manière générale", "dans leur vie privée, ils ne sont ni plus ni moins heureux que les autres"). Certes, ça n'empêche absolument pas d'être en souffrance, mais les souffrances, en général, ne sont pas particulièrement liées au profil HPI, contrairement à ce que certains discours laissent entendre ("-Mais vous savez qu'il y a des HPI dépressifs, non? Vous n'allez pas le nier, tout de même? -Bien sûr! Mais ils sont alors dépressifs et surdoués, pas dépressifs parce que surdoués.")
Plusieurs profils de surdoué·e·s à l'école sont présentés... si les plus en difficulté sont une minorité (le profil de type 1, "l'enfant qui réussit", est estimé représenter 90% des HPI), leur existence est pour autant bien réelle, d'autant qu'iels ne sont pas nécessairement identifié·e·s comme HPI. On y retrouve par exemple l'enfant "underground", qui fait tout (y compris des erreurs volontaires dans les copies) pour ne pas se distinguer, ou l'enfant marginal, dans une agressivité et une opposition qui dissimulent une grande détresse. Et c'est l'intérêt du livre : il est rappelé constamment, de diverses façons, que les enfants HPI sont différents entre eux. Situation familiale, niveau socio-professionnel de la famille, parentalité, rapport à la scolarité... il y a des tendances, des choses qu'on observe plus que d'autres, mais la diversité est infinie. D'ailleurs, pour les adaptations en milieu scolaire, l'auteur montre diverses options possibles mais insiste sur le fait que c'est l'enfant qui saura le mieux ce qui lui convient.
Des questions-réponses plus formelles et des ressources sont présentées en fin d'ouvrage. Le tour d'horizon est vaste, et plutôt nuancé.
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