samedi 23 juin 2012

Soigner l'anorexie, de Colette Combe

 
 Le livre ayant été édité une première fois en 2002, puis une seconde fois en 2009, vous n'entendrez pas cette fois-ci ma complainte coutumière sur le fait que certains points, dans les théories avancées comme dans les lacunes reconnues, sont peut-être maintenant obsolètes. Que ceux·elles qui sont rebuté·e·s par la psychanalyse ou n'ont que des connaissances superficielles dans cette discipline ne soient pas inquiétés par les premières pages : si l'autrice passe du temps sur des rêves de patientes ou sur l'étymologie de certains termes, c'est son expérience quotidienne de soignante, ses difficultés et ses réussites, qui structurent le livre qui est extrêmement clair et concret, et centré sur les notions de rythme et de lien.

  On se rend vite compte de l'importance du fait qu'elle soit psychiatre plutôt que psychologue, tant il est important d'avoir une bonne connaissance du corps comme de l'esprit humains pour pouvoir faire face à l'anorexie. A la perte de rythmes provoquée par l'aspect psychique de cette pathologie (rythme social des repas) vient d'ailleurs s'ajouter des pertes des rythmes du corps (aménorrhée, dérèglement du sommeil, …). C'est ce chaos qui rend indispensable l'hospitalisation, afin de changer de milieu de vie, d'avoir du temps, de pouvoir retrouver progressivement les rythmes déréglés. Il importe toutefois que l'hospitalisation ait lieu au bon moment, quand le·a patient·e est prêt·e à accepter ce changement radical, mais surtout quand il·elle est prêt·e à accepter de l'aide, à reconnaître qu'il·elle a besoin d'une thérapie, qu'il·elle souhaite changer. S'il est bien entendu absurde de démarrer la prise en charge trop tard ("combien de fois avons-nous reçu des jeunes adolescentes auxquelles on avait répondu qu'elles n'étaient pas assez maigres encore pour pouvoir être hospitalisées"), et ce d'autant que si la thérapie commence dès les premiers symptômes d'aménorrhée quelques entretiens sans hospitalisation peuvent suffire, il faut également éviter de la démarrer trop tôt, les connaissances médicales avancées se révélant nécessaires pour estimer s'il est encore possible de repousser l'hospitalisation sans risque vital.

 L'autrice parle de la pathologie anorexique comme d'une cordée réversible. Si le·a patient·e descend toujours plus profondément dans les crevasses de l'auto-destruction, il est possible de l'en faire sortir progressivement. Ce qui implique, cela va sans dire (mais je le dis quand même), un lien solide. Pour consolider ce lien, le·a thérapeute devra être patient·e, accepter le rythme du·de la patient·e, attendre qu'il·elle soit prêt·e à accorder sa confiance (et dans le même temps démontrer que cette confiance est justifiée!) et qu'il·elle soit prête à entamer cette ascension vers la guérison. La difficulté principale pour établir ce lien est que l'anorexie est une façon de s'affirmer, de se différencier, de se réapproprier son propre corps. C'est donc seulement quand le·a patient·e aura accepté à un certain niveau la prise en charge que le·a thérapeute pourra intervenir efficacement, sans être perçu·e comme invasif·ve, sans renvoyer au·à la patient·e l'impression d'être un·e patient·e de plus, sans que la sensation d'obéir aux impératifs du système hospitalier ne surpasse le désir propre de guérir. Il·elle doit s'adapter au rythme du·de la patient·e. Colette Combe propose par exemple, pour instaurer progressivement un dialogue, de commencer par parler du somatique, pour glisser quand la conversation y invite vers le psychique (elle donne entre autres l'exemple d'une patiente se plaignant de l'enveloppe trop dure du matelas de son lit d'hôpital... le signifiant est riche mais ne pourra être investi que quand la patiente l'aura suggéré, et quand des solutions auront été proposées au problème pragmatique de literie). Il s'agit là encore de faire un lien entre l'interface somatique et psychique, ce qui n'est pas, semble-t-il, une approche systématique ("si nous posons le problème en terme de kilos à prendre et donc en terme de nombre de calories à prendre, nous sommes dans une conception de l'interface comme frontière"). La solidité du lien permettra également d'être capable de mieux déterminer le moment pertinent pour la fin de l'hospitalisation, et surtout ce lien devra se maintenir au delà de la sortie de l'hôpital, qui ne marque en rien la guérison totale.

 Les troubles du comportement alimentaire sont en effet connus pour leur taux élevé de rechute. L'autrice précise d'ailleurs que la relation soignant·e/patient·e doit se poursuivre au delà de la fin de la thérapie, pendant plusieurs années, par exemple par des courriers ("il importe qu'elles puissent elles-même décider quand et comment elles se séparent, quand et comment elles l'oublieront et n'en auront plus besoin, de leur thérapeute"). Et, en détaillant le cas de deux patientes, elle parlera de l'élaboration de la maternité, qui a nécessité chez ces deux patientes une reprise de la thérapie. Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer pour de nombreuses raisons (aménorrhée comme symptôme important, perte de la féminité et non-transition à un corps d'adulte lors de l'anorexie, prise de poids inhérente et enjeu différent de l'alimentation -nourrir un corps en croissance à l'intérieur de soi- lors de la grossesse), la raison principale de la reprise de la thérapie à ce moment là est dû au fait que la parentalité permet de mieux élaborer les rapports à ses propres parents, en particulier à la mère. Insuffisamment armée au moment le plus fort de l'anorexie pour accepter, comprendre et intégrer les interprétations analytiques ("rappelons que la possibilité d'utiliser la situation analytique dépend de la possibilité d'utiliser les interprétations reçues. Or durant l'anorexie, ce n'est que rarement possible, et nous pensons comme Freud que l'interprétation est alors contre-indiquée"), le·a patient·e est maintenant dans une situation plus favorable. Au moment de la naissance de l'enfant ou du projet de grossesse (le premier ou un autre), la relation de couple, la représentation de l'enfant à venir éclairent le vécu de l'enfance, voire de la toute petite enfance (plusieurs références sont faites au travail de Michel Soulé), et la relation aux parents. La mise au jour de ces éléments sont autant de pistes de compréhension des souffrances qui ont donné lieu au symptôme anorexique, permettant une nouvelle élaboration de ces douleurs passées... non digérées.

Je l'ai déjà dit il y a 3 paragraphes mais c'est important et c'est vrai, le livre est clair, concret et très enrichissant. Pour en avoir un meilleur aperçu qu'ici, vous avez la possibilité, discrètement pendant que le·a libraire regarde ailleurs de lire la conclusion (20 pages), ce qui revient un peu à lire l'ensemble en avance rapide et devrait vous convaincre d'acheter le livre quand le·a libraire en aura fini avec le·a client·e qui l'occupait.

mercredi 20 juin 2012

Bon, c'est reparti!


 Réussis, c'est un grand mot, mais les partiels se sont mieux passés que prévu. En revanche, c'est le moment de reprendre le travail scolaire avec, difficulté supplémentaire par rapport aux révisions, le travail pas scolaire qui a repris aussi. En plus de la pile de magazines qui s'est accumulée (mais ça c'est à mon rythme, c'est à dire quand je veux^^), il faut que je me dépêche de rendre un devoir d'informatique et statistiques (mes deux domaines préférés! en même temps!) puis, enfin, le fameux projet tutoré. Et après, il sera temps de préparer les rattrapages (youpi!).

ça veut aussi dire que j'ai 3 livres à lire avant le 25 juillet, donc je vais enfin bientôt recommencer à poster ici des résumés de livres, ce qui doit être un peu plus intéressant que quand je raconte ma vie.

mercredi 6 juin 2012

Ayé!

  

 C'est parti, je prends le train tout à l'heure pour retourner m'assurer que l'amphi G1 de la fac dentaire de Montrouge n'a pas changé depuis l'année dernière, à l'occasion de l'entraînement aux rattrapages des partiels. Mais même si j'ai la sensation d'avoir la tête complètement vide et que je n'arrive pas à imaginer un sujet auquel je saurais répondre (s'il m'arrive de compter les motoneurones pour m'endormir, je n'arrive pas pour autant à me rappeler à quoi ils ressemblent ni à quoi ils sont rattachés), même si c'est difficile de réaliser que le travail de toute une année va être évalué d'ici 3 jours, j'ai comme tous les ans l'immense satisfaction de ne pas faire partie des pauvres lycéens qui subiront le bac philo.