mardi 28 août 2012

Introduction à la psychopathologie de l'adulte, d'Evelyne Pewzner



 Egalement cooautrice d'une Histoire de la psychologie, et autrice de Naissance et développements de la psychopathologie, Evelyne Pewzner fait figurer dans cette ouvrage différentes approches de la psychopathologie, en soulignant bien que cette discipline n'est pas à l'heure actuelle une science exacte ("la passion classificatrice des psychiatres des XXièmes et XXIième siècles ne le cède en rien à celle des aliénistes du XIXième siècle" , "il en résulte une inflation des catégories diagnostiques", ...) et qu' "au-delà des querelles nosographiques et des divergences théoriques, c'est à la clinique que la priorité doit toujours être donnée".  Différentes approches vont donc cohabiter : il est expliqué clairement et synthétiquement ce que sont et ne sont pas névrose, psychose et hystérie, et un chapitre est consacré aux personnalités pathologiques (même si des distances sont prises avec cette notion : "l'intérêt d'individualiser ces différentes catégories semble devoir être relativisé, regardé en tout cas d'un œil critique!"), mais des pathologies bien plus spécifiques sont également présentées (anorexie mentale, alcoolisme, différents types de dépression, ...) avec une liste de symptômes qui évoquent le DSM.

 L'originalité principale de l'ouvrage réside dans les rappels historiques fréquents qui, au-delà des éléments qui peuvent tenir de l'anecdote (l'homosexualité était criminalisée en France du moyen-âge à 1791, puis de 1940 à ... 1982!, l'hystérie était considérée comme résultant d'une insatisfaction sexuelle féminine avant que la morale chrétienne ne "déplace" son étiologie vers le cerveau, où elle restera jusqu'au XVIIème siècle, c'est Gilles de la Tourette qui a fait remarquer que, comme son étymologie ne l'indique pas, l'anorexie mentale ne supprime pas la sensation de faim, ...) ou en tout cas dont l'intérêt clinique immédiat n'est pas flagrant, permettent de prendre une distance que n'offrira pas forcément un ouvrage focalisé sur une approche plus spécialisée de la psychopathologie. Une autre originalité est qu'Evelyne Pewzner, intérêt pédagogique supplémentaire, partage la vedette avec d'autres auteur·ice·s : des citations sont régulièrement proposées sur plusieurs pages, soit de premières descriptions de telle ou telle pathologie (extraits de livres de Freud ou Kraepelin), soit de vignettes cliniques, princeps (syndrôme de Korsakoff) ou non (articles de presse spécialisée).

 L'ouvrage se lit rapidement et parvient a être plutôt exhaustif en regard de sa longueur. Toutefois, comme son nom l'indique, il s'agit d'une introduction, qui de plus ne fait pas mention de la psychologie de l'enfant et de l'adolescent, et on pourra toujours trouver des manques (je pense en particulier à l'addiction, complètement absente alors qu'une place importante est consacrée à l'alcoolisme et à la toxicomanie -le catalogue des substances pourra intéresser certains lecteurs- et que depuis quelques années est développée une psychiatrie de l'addiction sans substances -jeux vidéo , sexualité, jeux d'argent,... - et que cette approche constitue une tentative d'explication d'autres pathologies, je pense par exemple aux troubles du comportement alimentaire -cette explication est présente dans plusieurs ouvrages résumés ici-).

 Si ce "manuel" est très différent de celui dirigé par Jean Bergeret, il partage avec ce dernier l'avantage d'un chapitrage très clair qui incite à le garder sous la main pour retrouver un élément précis en cas de besoin. L'histoire n'étant pas plus une science exacte que la psychopathologie, les ouvrages de référence sont indiqués séparément dans la bibliographie, les spécialistes pourront donc éventuellement décider avant la lecture avec quelle distance ils l'aborderont.

vendredi 10 août 2012

Psychologie pathologique, théorie et clinique, dirigé par Jean Bergeret




 L'ouvrage, écrit à plusieurs mains, est très fortement orienté sur la théorie analytique, ce qui est revendiqué dès l'introduction par l'auteur principal ("Aux non-analystes qui estimeraient hasardeux de manifester un attachement trop exclusif aux hypothèses psychanalytiques, nous pensons pouvoir répondre que les données analytiques (théoriques, et non techniques) auxquelles nous nous sommes cantonnés correspondent à ce qui se trouve admis comme très classique par le plus grand nombre des psychopathologues contemporains et ne constitue, en définitive, qu'une connaissance bien générale, indispensable à l'honnête homme du début du XXIème siècle"). Il sera donc énormément question de structures psychiques (névrotique, psychotique, …), d'Idéal du Moi ou de conflit pré-Œdipien, plutôt que d'un dictionnaire (un bottin, diront les mauvaises langues) des différentes pathologies type DSM.

  Les concepts analytiques seront en revanche extrêmement détaillés, des plus basiques dont on a entendu parler en cours de philo en terminale, aux plus complexes. La complexité est d'ailleurs progressive, et une lecture très attentive des premiers concepts (ceux qu'on peut penser à tort bien maîtriser parce qu'un jour on a lu les Conférences d'introduction à la psychanalyse de Freud), voire une lecture très très attentive et des relectures, s'avère nécessaire pour comprendre de façon satisfaisante la totalité de l'ouvrage : synthétique ne veut pas dire simple. La table des matières est toutefois très claire, ce qui permet de s'y retrouver facilement si on veut revenir sur un concept en particulier. Dans la mesure où le livre fait 300 pages et non 3000, c'est surtout Freud qui sert de modèle théorique, les autres auteur·ice·s ne peuvent généralement qu'être évoqués. Et Freud sert de modèle théorique sans les explications longues et précautionneuses dont il a l'habitude, ce qui peut faire bizarre aux sceptiques ou aux non-initié·e·s (au XXIème siècle on ne sait pas dire pour qui un adulte va voter aux présidentielles malgré des enjeux financiers considérables, mais on sait avec certitude que, comme un chercheur l'avançait au début du XXème, le nourrisson ressent le boudin fécal comme faisant partie intégrante de son propre corps) et qui fera le plus grand bonheur des anti-psychanalyse (qui, en même temps, ont quand même du temps à perdre s'il·elle·s lisent ce livre).

  Un espace conséquent et spécifique est dédié à la psychopathologie de l'enfance et à ses particularités. Il est un peu plus DSM-esque que le reste de l'ouvrage (certaines pathologies particulières sont nommées) mais très peu. Les différent·e·s auteur·ice·s y ont une place un peu plus large, mais là encore le manque de place se fait sentir et mieux vaut lire les ouvrages des auteur·ice·s cité·e·s pour avoir un avis éclairé sur les théories mentionnées (certes, parler de l'autisme et de son étiologie à un public de psychologues ou qui s'intéresse à la psychologie est aussi périlleux que de dire "on donne trop d'argent aux chômeurs" à un repas de famille, et couvrir de manière exhaustive et impartiale les différentes théories qui concernent l'autisme suffirait à remplir un épais volume, mais rappeler par exemple en évoquant Bettelheim que sa stigmatisation des mères a fait énormément de dégâts aurait pu être souhaitable).

  Enfin, des indications plus pragmatiques sont données, concernant directement les soins. Jean Bergeret parle rapidement des thérapies d'inspiration analytiques et des thérapies d'inspiration non analytiques, en précisant qu'elles ne sont pas interchangeables (leur objectif et leur processus diffèrent) et ne peuvent être pratiquées que par des professionnel·le·s spécialisé·e·s (les thérapeutes ne sont pas plus interchangeables que les thérapies) et rigoureusement formé·e·s : pas question par exemple, même en ayant appris son livre par cœur, de pratiquer une analyse sans avoir été soi-même analysé·e puis supervisé·e. Les rééditions fréquentes (ce résumé concerne la 11ème) permettent d'être à jour sur la présentation des structures de soin existantes, même si ladite présentation ne concerne que la France, donc intéressera probablement peu le·a lecteur·ice Canadien·ne ou Belge.

  Exigeant et complet (en ce qui concerne les concepts de base), mais synthétique et clairement organisé, ce manuel est pratique à garder sous la main (même si pour débuter complètement la psychanalyse c'est peut-être un peu rude, les Conférences d'intruction et autres ouvrages de Freud permettent une entrée plus en douceur même si ça fait beaucoup plus de pages) pour affuter ses connaissances sur telle ou telle définition. Certains développements, moins basiques, spécifiques aux thèmes dont Jean Bergeret est spécialiste (la violence, l'homo-érotisme) ou non (travail de Michel Soulé sur la psychiatrie pré-natale) en augmentent l'intérêt.

Psychopathologie au menu



 Dans mon enthousiaste préparation aux rattrapages (la perspective d'être enfin un peu en vacances me rendait tellement triste!), préparation qui devra être prise au sérieux dans la mesure ou, sur 8 épreuves passées, j'en ai 6 à repasser (il me semble que les chercheur·se·s en sciences de l'éducation, selon les modèles théoriques, appellent ça une hécatombe ou une fessée... et je n'ai pas encore la note du projet tutoré!), j'ai décidé de faire plus d'efforts que pour les autres matières pour rattraper mon 5/20 en psychopathologie. Non pas que ce soit ma note la plus basse (quand on se ramasse c'est plus sérieux de le faire correctement), mais c'est une matière qui touche à la psychologie clinique, importante (un peu plus que "projet professionnel" par exemple, même si j'aime beaucoup recopier mon CV de façon fantaisiste), qui n'est pas particulièrement scientifique (en langage "mon bac est un bac L", pas scientifique veut dire pas de maths ni de bio, et non manque de rigueur ou autre...), et dont l'enseignante a par mail précisé le barème, et aussi qu'elle avait relu chaque copie pour éviter toute étourderie. Je n'ai donc ni l'excuse de mon bac L et de ma mémoire plus auditive que visuelle, ni celle que de toutes façons je ne vais pas me spécialiser là-dedans, ni celle très convenable (surtout que c'est très laborieux d'obtenir les copies corrigées... avant c'était déjà laborieux de les demander par courrier, mais maintenant ils refusent tout envoi "suite à des abus" ?!?!?, ce qui est très adapté pour des études par correspondance) qu'il y a sûrement une erreur sur les notes, ou que l'enseignant·e a sûrement une drôle de façon de noter (pour certaines matières on peut avoir la sensation que le partiel tient plus d'un casting type "Nouvelle Star" -l'enseignant·e qui regarde la copie et fait "mmmmh, non!" ou "non, il manque un "je ne sais quoi" "- que d'un contrôle de connaissances).

  Dans un élan désespéré studieux, j'ai donc commandé 3 des références aimablement suggérées dans le livre de cours (un des gros trucs verts et violets aussi appelés PUFs envers lequel tout étudiant·e de l'IED a des sentiments ambivalents), en espérant que relire la même chose avec des formulations différentes m'aidera à mieux comprendre et retenir ce cours qui n'est pas long mais qui est dense. Donc, après un thème "troubles du comportement alimentaire", le blog va continuer sur le thème "psychopathologie", mais cette fois ce ne sera que jusqu'à septembre, sinon ça veut dire que je suis très en retard (comment ça "comme d'habitude"?). Certes, on pourra objecter que lire des livres en diagonale est une drôle de solution pour progresser justement dans une matière qui n'est maîtrisée que superficiellement. J'en ai bien conscience, mais ça ne m'arrange pas, donc jusqu'à septembre je vais faire comme si je n'y avais pas pensé, c'est le célèbre style shaolin de l'autruche (et dans le cas présent, c'est ça ou le style de l'homme saoul).