jeudi 31 janvier 2019

Psychologie de la connerie, dirigé par Jean-François Marmion




 Le rédacteur en chef du Cercle Psy regroupe des expert·e·s de secteurs très variés de la psychologie (Alison Gopnik, Daniel Kahneman, Boris Cyrulnik, Antonio Damasio, Tobie Nathan, …), mais aussi quelques journalistes scientifiques et écrivain·e·s, pour parler, dans un texte court ou dans le cadre d’une interview, de ce sujet que beaucoup s’accorderont à trouver inépuisable. Une entreprise racoleuse qui sera surtout une occasion d’exprimer son mépris contre ceux qu’on juge médiocres en assénant quelques vannes entre deux ou trois concepts? Pas particulièrement, même si on pourrait faire ce reproche à quelques articles. Bien que tenant en trois lettres, le sujet est en effet complexe. Définir rigoureusement l’intelligence est une entreprise ambitieuse, alors définir la connerie, qui ne se limite même pas à l’absence d’intelligence…

 Il sera en effet question, en plus de l’idiot (à moins qu’il ne s’agisse d’un incompétent? de quelqu’un qui enchaîne les erreurs?), du ou de la bullshitter·euse qui, contrairement au ou à la menteur·se, ne cherche pas à faire croire des choses fausses mais dira indifféremment des choses vraies ou fausses, l’essentiel étant d’avoir un auditoire, ou encore du connard ou de la connasse, qui se caractérise par sa méchanceté et sa volonté d’être traité comme un être supérieur (certains observeront que Donald Trump semble souvent relever à la fois des trois catégories, ce qui n’empêche pas Alison Gopnik, spécialiste de la psychologie du développement, de déplorer qu’il soit comparé à un enfant de quatre ans, car la comparaison est insultante pour les enfants de quatre ans). Mais surtout, le premier article, de Serge Ciccotti, explique pourquoi on voit des con·ne·s partout : parmi les éclairages donnés, le fait que l’individu moyen s’estime plus brillant que la moyenne (pire : plus on est con, plus on a l’impression que les autres le sont!), ou encore que l’être humain tend à être plus attentif à ce qui ne va pas. Le fait qu’être brillant·e dans un domaine ne préserve pas soit d’être con·ne, soit de faire des conneries quand on en sort (avoir un bac+10 n’empêche pas nécessairement d’ingurgiter sans recul des infos complotistes), est aussi évoqué dans plusieurs articles. Daniel Kahneman explique par exemple pourquoi on ne peut pas être intelligent·e tout le temps (ce serait beaucoup trop long et épuisant de prendre les décisions nécessaires au quotidien), un ancien professionnel du marketing (Ryan Holiday) révèle comment tirer parti de la connerie des gens pour générer du clic (et diffuser des conneries à grande échelle), Sébastien Dieguez argumente que la lutte contre les fake news demande des efforts disproportionnés et que la solution est peut-être de jouer au plus con… Certains contenu sont particulièrement originaux, comme l’article de Delphine Oudiette qui permettra de se demander de façon plus éclairée si le contenu des rêves est si con que ça, et montrera comment les rêves permettent d’être un peu moins con·ne.

 Sans surprises, Brassens est cité plusieurs fois, même si à mon grand regret il n’est pas question de Quand les cons sont braves. Et, c’est inévitable avec une telle variété de contenu, le livre n’est pas exempt de conneries, comme le fait que Daniel Kahneman soit à plusieurs reprises présenté comme le détenteur d’un prix Nobel (au point de dire que c’est le seul psychologue a avoir obtenu un prix Nobel, ce qui va loin pour induire en erreur), alors qu’il est Nobel d’économie, qui n’est PAS un prix Nobel (c’est le "prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel"… ne pas faire la différence un peu comme si quelqu’un organisait un "championnat de chessboxing en l’honneur de l’esprit olympique" -oui, le chessboxing ça existe vraiment- et que le vainqueur était désigné comme champion olympique). L’injustice est d’autant plus criante que le prix Ignobel d’un autre contributeur, Laurent Bègue, n’est à aucun moment mentionné. Le livre nous gratifie d’un autre grand moment quand Patrick Moreau, à l’issue d’un article par ailleurs intéressant sur la novlangue, qualifie d’idiotismes conceptuels les concepts de genre (disqualifier un concept qui permet de complexifier la pensée, à l’issue d’un article sur la novlangue, est particulièrement ironique), de culture du viol (balayant du revers de la main la quantité astronomique de données qui vont dans ce sens) ou de racisme d’État… un choix bien particulier dans le cadre de ce livre, puisque dénigrer de façon insultante ces concepts (en plus de constituer une violence envers les personnes concernées par la dysphorie de genre), permet de dire que le racisme et le sexisme sont uniquement l’affaire de quelques con·ne·s, et évite de remettre en question la société dans son ensemble. Mais c’est peut-être moi qui suis con, de reprocher à un professeur de littérature de tenir à vivre dans la fiction.

 Alors que le format (intitulé accrocheur autant que flou, articles courts voire recyclage d’interviews déjà publiées dans le Cercle Psy) laissait présager du pire, l’entreprise est loin d’être conne puisque le résultat permet d’aborder des sujets aussi variés que les biais cognitifs, les spécificités de l’intelligence de l’enfant, les rêves, le lien entre intelligence et émotions et bien d’autres d’une façon très accessible.

lundi 28 janvier 2019

L'autre moi-même. Les nouvelles cartes du cerveau, de la conscience et des émotions, d'Antonio Damasio



 Après avoir éclairé d'une façon incroyablement enrichissante le fonctionnement des émotions puis des sentiments, Damasio s'attaque, rien que ça, à la conscience! S'il reste implicite, le sujet du livre est plus clair avec le titre anglais (Self comes to Mind -"le sens de soi vient à l'esprit") que dans le drôle de titre français (décidément, après Spinoza avait raison, je ne sais pas ce qu'ont les traducteurs français avec les titres des livres d'Antonio Damasio). 

 Le livre démarre sur le récit d'une sieste, ce qui est non seulement un excellent présage, mais aussi une belle façon de présenter la conscience : après une courte suspension, le·a dormeur·se est assuré·e de retrouver tels quels son identité ("la compétence phénoménale qui consiste à avoir un esprit équipé d'un propriétaire"), ses souvenirs, de savoir (on peut lui souhaiter!) où iel est et où iel était avant de s'endormir, ... Mais la conscience, si louable que ce soit, ne permet pas seulement de se réveiller d'une sieste dans de bonnes conditions. "Esprit qui a reçu le don de la subjectivité", elle a des conséquences non seulement sur les compétences de l'être humain (mémoire, raisonnement, complexité du langage, ...), mais sur le sens même de la vie : sans la conscience, "vous n'auriez aucun moyen de savoir que vous existez, encore moins qui vous êtes et ce que vous pensez", "la créativité n'aurait pas été aussi fertile", "la douleur ne serait jamais devenue la souffrance -ce qui n'est pas si mal, quand on y pense- mais cet avantage serait relatif puisque le plaisir ne serait pas non plus devenu bonheur". 

 La splendeur de l'intro, la clarté de sa problématisation, ne seront toutefois pas de trop parce que, après... il va falloir s'accrocher! Damasio va s'intéresser aux racines neurologiques de la conscience, en insistant bien sur le fait que la question n'est pas tranchée et qu'il présente des hypothèses (les hypothèses qu'il ne retient pas sont aussi brièvement présentées). Et (est-ce une surprise?) quand un chercheur en neurosciences qui a publié dans Nature présente l'état de sa réflexion sur une question qui n'est pas encore tranchée, c'est technique! Ses livres précédents l'étaient aussi, mais là il m'a semblé passer au niveau supérieur, au point que sans les brefs rappels en appendice sur la cartographie du cerveau, on aurait à mon avis difficilement pu parler de vulgarisation. Je ne suis certes pas le meilleur des baromètres quand on parle de neurosciences, mais malgré mon niveau très modeste j'ai une licence de psychologie, avec des cours de neuro pour chaque année de cours, et j'étais la plupart du temps complètement largué. Damasio estimait dans L'Erreur de Descartes que faire une hiérarchie entre les différentes zones du cerveau (en particulier selon leur apparition plus ou moins précoce dans l'évolution de l'espèce) n'avait pas trop de sens tant elles interagissaient entre elles : cette interaction est on ne peut mieux illustrée dans ce livre. Le tronc cérébral, le thalamus, certains secteurs du cortex (et bien d'autres encore), sont impliqués pour (selon l'auteur) aboutir à ce résultat si merveilleux qu'il peut sembler métaphysique à travers des échanges complexes, qui exigent pour bien les comprendre de saisir aussi les finesses de la communication des neurones entre eux.

 Heureusement, comme dans les autres livres de Damasio, pas besoin de comprendre toutes les finesses techniques pour profiter du contenu. Même sans être expert·e dans les subtilités du noyau parabrachial, le·a lecteur·ice apprendra des choses sur la spécificité du coma et du sommeil, l'apparition progressive de la conscience dans l'évolution (l'auteur décrit la performance d'un lézard gobant une mouche et, sans dénigrer en rien la performance, explique pourquoi selon lui ça ne suffit pas à prouver l'existence d'une conscience chez le lézard), les liens entre sens et émotions, ... Et la conclusion, qui offre un point de vue évolutionniste sur la culture (qui serait une recherche d'homéostasie à l'échelle de la société) ou la mémoire historique ("la biologie et la culture sont dans l'ensemble en interaction"), est largement à la hauteur de l'introduction.

lundi 7 janvier 2019

Ma voix t’accompagnera… , de Sidney Rosen et Milton Erickson



 Sidney Rosen regroupe dans ce livre de brèves histoires, pédagogiques, de Milton Erickson (créateur de l’hypnose ericksonienne), le plus souvent des anecdotes familiales ou des vignettes cliniques. Si la plupart des textes peuvent sembler simples voire simplistes, le recueil n’est pas (contrairement à ce que peut laisser craindre la très élogieuse intro) une simple invitation à s’émerveiller de la sagesse d’Erickson : chaque histoire illustre une, voire des, indications cliniques précises, et parfois comporte plusieurs niveaux de lecture, indiqués ou non en commentaire.

 Si des termes comme transe bien sûr, mais aussi l’opposition entre niveau conscient et niveau inconscient ou la notion de marquer certains mots ou certaines phrases sont présents, il est en fait très peu question de la technique même de l’hypnose, et ce sont des principes thérapeutiques qui sont présentés. L’idée qui réunit peut-être l’essentiel des textes est que la demande du ou de la client·e, si on y répond trop directement, va plutôt le·a conduire à perfectionner ses propres symptômes qu’à vraiment aller mieux. Si l’idée d’un·e thérapeute assertif·ve et autoritaire est rejetée, ça semble surtout être parce que c’est contre-productif (sinon à titre de provocation pour déclencher une réaction) : l’horizontalité est bien présente dans la mesure où le·a client·e est pris·e au sérieux en tant qu’individu, où ses valeurs sont respectées, mais Erickson garde le contrôle total de ce qui a lieu, souvent par une manipulation certes bienveillante. Ça peut passer par la prescription du symptôme (à une adolescente qui suce constamment son pouce, au grand désespoir de ses parents et enseignants, Erickson prescrit de sucer son pouce très bruyamment à des moments bien précis qui vont être particulièrement désespérants pour son entourage, ce qui la poussera rapidement à arrêter, par agacement), par une attitude inattendue (il rentre d’office dans le conflit avec une enfant particulièrement réticente à rencontrer un thérapeute, avant de lui dire quelque chose de gentil là où elle attendait une méchanceté), en faisant le contraire de ce qui avait été essayé jusqu’ici (une étudiante qui arrivait toujours en retard en promettant à chaque fois de ne jamais recommencer est accueillie par une révérence de toute la classe en arrivant dans le cours d’Erickson, elle devient ensuite ponctuelle alors qu’aucun reproche des enseignant·e·s ne l’avait fait arriver à l’heure), en proposant aux client·e·s un point de vue différent sur le symptôme (il reproche à une cliente qui a développé une phobie sociale grave suite à des flatulences en classe, très religieuse, de manquer de respect, par sa honte, à la complexe construction divine qu’est le corps humain), … Si des solutions plus conventionnelles sont parfois proposées (optimiser la concentration de tireurs sportifs, par l’hypnose, en leur permettant de percevoir chaque tir de la compétition comme le premier, surmonter quelque chose qui semble impossible en imaginant, en transe hypnotique, se rapprocher de l’objectif très progressivement), il n’est pas surprenant qu’un chapitre soit consacré à la confrontation avec des prestidigitateurs, et un autre à des blagues faites par Milton Erickson et des membres de sa famille. Surprendre l’autre, c’est un point récurrent, implique non seulement d’être très attentif·ve à ses valeurs, à sa demande explicite, à sa situation, à ses résistances, à son langage non verbal, mais aussi à élargir le spectre des perceptions du ou de la thérapeute comme celles du ou de la client·e.

 Si l’intérêt pédagogique du livre est son intérêt principal, et que le·a professionnel·le de l’hypnose y verra probablement un nouvel enseignement à chaque lecture (s’iel a suffisamment élargi le spectre de ses perceptions depuis la lecture précédente!), l’alignement de réussites, renforcé par le fait qu'Erickson est souvent présenté comme un faiseur de miracles (ne faites pas de jeu à boire où vous buvez chaque fois qu'il est dit qu'il est consulté en dernier recours, ce serait dangereux même avec de l'eau), ferait presque oublier qu’utiliser la déstabilisation comme ressort thérapeutique est une prise de risques. On n’est plus dans la thérapie brève mais dans la thérapie ultrabrève, et même les client·e·s qui quittent le cabinet en exprimant leur désapprobation de manière pas tout à fait ambigüe se manifestent des mois ou des années plus tard, éventuellement en envoyant d’autres client·e·s, expliquant à quel point Erickson leur a sauvé la vie. J’aurais été curieux d’avoir au moins quelques anecdotes où il s’est planté, ou même d’avoir à peu près la proportion de fois où il a échoué.

 Le livre reste précieux dans la mesure où il présente une approche originale, et, qu’on s’intéresse ou non à l’hypnose, donne un point de vue intéressant sur la relation thérapeutique et la relation au symptôme, à la distinction éventuelle entre demande exprimée et besoin réel, tout en rappelant le besoin d’être attentif·ve à l’infinité de modes d’expression des client·e·s.

mercredi 2 janvier 2019

Maintenant ou jamais! de Christophe Fauré




 Le milieu de la vie, ou la période qui s’en approche, est potentiellement initiatrice d’un sentiment de vide, d’angoisse profonde, malgré un quotidien qui pourrait, de l’extérieur, sembler accompli. Bien que le livre indique dès la couverture se préoccuper de cette transition du milieu de la vie, l’auteur prend rapidement des distances avec cette notion : plus que la prise de conscience de notre propre mortalité, c’est celle d’un contraste entre la vie menée jusqu’ici, en partie guidée par des injonctions sociales ou familiales, et nos aspirations profondes, qui crée cette douleur, qui ne se traduira donc pas nécessairement par l’achat d’une voiture de sport ou des liaisons avec des partenaires plus jeunes. Si cette transition n’arrive pas nécessairement au milieu de la vie, plusieurs éléments favorisent sa survenue à ce moment là. Les performances sportives déclinantes, le fait de devenir moins attirant, peuvent faire réaliser brusquement la part que prenait notre corps dans notre identité. L’usure d’une relation amoureuse au bout de dix ou vingt ans, la lassitude professionnelle dans une carrière qui stagne, peuvent pousser à se demander ce qu’on fait là. Le départ des enfants plus si enfants que ça du domicile familial amène par la force des choses à moins se définir par la parentalité. La confrontation à la maladie peut aussi constituer un choc qui remue des choses qu’on supposait établies.

 Christophe Fauré parle d’un diamant à multiples facettes : si une facette se trouve ternie (la vie amoureuse, professionnelle, familiale, …), c’est l’ensemble du diamant qui en devient moins brillant. Et si la prise de conscience d’un besoin de changement est positive, la remise en question, la peur de ne pas pouvoir s’accomplir, peuvent être brutales et douloureuses. Le livre va prendre le temps d’explorer plusieurs de ces facettes individuellement (le corps, le couple, la vie professionnelle, les relations aux enfants qui se permettent de grandir et aux parents qui vieillissent alors qu’on a soi-même grandi, redéfinissant doublement le lien initial), mais aussi donner des conseils plus généraux pour que le changement se fasse dans de bonnes conditions, la plus récurrente et importante étant d’éviter la précipitation, de prendre le temps de s’écouter vraiment. La tentation peut être pressante, alors qu’on se rend compte de ce qui ne nous convient pas dans le chemin qu’on a parcouru, d’estimer que le problème vient de l’extérieur et que d’envoyer promener par exemple son ou sa conjoint·e, ou son employeur·se, va tout régler. Si rien n’exclut que c’est l’un des passages qui vont finalement s’imposer, le point de départ doit être d’identifier ce qui ne va pas en nous, au risque dans le cas contraire de réaliser à court terme que la solution magique qui devait tout régler n’a pas réglé grand-chose. Identifier les croyances qui nous ont fait arriver là ("je suis nul, je n’arriverai jamais à rien", "je n’ai pas le droit de revendiquer mes propres besoins", ...), et d’où elles viennent ("votre père vous répétait sans cesse que vous étiez un bon à rien", "vous avez dû prendre en charge l’éducation de votre plus jeune frère", ...), est une première étape pour mieux déterminer où aller. Et si la prise de risque, sans nier ses aspects insécurisants, est souvent récompensée ("la confiance en soi est le fruit de l’action ; c’est le résultat de décisions ou de démarches que l’on entreprend, alors même qu’on est dans le doute où la peur", "quand nous prenons soin de nous, quand nous faisons preuve d’amour à notre égard, nous suscitons peut-être un peu d’envie et de jalousie, mais nous devenons également inspirants"), mais aller vers la nouveauté n’implique pas de rejeter en bloc notre passé et ce qu’on a acquis, qui peut avoir eu un sens et une utilité dans le passé, et en avoir encore aujourd’hui. Le changement peut aussi être pleinement épanouissant sans être aussi radical qu’on ne se le représentait, comme dans la vignette clinique de Bernadette qui, lassée de sa vie professionnelle, a considérablement augmenté son investissement dans ses activités artistiques (chant et peinture) pour en faire son métier : elle s’est alors rendue compte que c’est de cet investissement en soi qu’elle avait besoin, sans pour autant en faire une reconversion. L’auteur propose une longue série de questions précises pour mieux guider ce cheminement vers une nouvelle identité ("essayez-vous de compenser certaines carences de vos parents?", "Qu’avez-vous appris de la première moitié de votre vie, quels enseignements?", "Où vous sentez-vous bloqué, coincé, inhibé dans votre vie ?", "Quels sont vos talents? Comment s’exprime au mieux votre créativité ?", "quels sont les rêves et désirs nouveaux qui émergent en vous ?", …).

 Le dernier chapitre passe à une autre échelle d’ambition, de "voici ce qui peut provoquer cette douleur en vous et comment transformer cette énergie en projet de vie positif" à "vous êtes mille fois plus que ce que vous croyez être". De clinique, le propos devient (tout en restant appuyé sur une base théorie clinique!) philosophique, sur le sens de la vie. Bref mais argumenté, c’est un plaidoyer pour le don de soi selon ce qu’on est en mesure de donner ("En accompagnant les personnes en fin de vie dans les services de soin palliatifs, je n’ai jamais entendu quelqu’un dire : "Ma vie a eu du sens parce que j’ai été aimé." J’ai toujours entendu l’inverse : "Ma vie a eu du sens parce que j’ai aimé"), sur la méditation de pleine conscience pour savoir se centrer sur l’ici est maintenant (une analogie est faite avec un verre d’eau pure dans lequel on verserait de la terre : si on secoue le verre, la terre prend plus de place, obscurcit la clarté de l’eau, alors que si on pose le verre, elle est toujours là dans la même quantité mais reste au fond, permettant d’apprécier la pureté de l’eau), … Ce chapitre permet de mieux comprendre pourquoi dans l’intro l’auteur, tout psychiatre qu’il est, désignait ce livre comme un ouvrage particulièrement personnel (il a lui-même "tout quitté" à l’aube de ses 40 ans, suite à un "effondrement intérieur").

 Comme dans son livre sur le deuil, le propos de l’auteur est particulièrement clair tout au long du livre, et ce qui pourrait se résumer à une injonction, certes argumentée, à questionner ses choix de vie pour aller vers plus d’authenticité (que ce soit au milieu de la vie ou non, d’ailleurs), est accompagné de conseils pratiques précis pour le faire dans de bonnes conditions.