dimanche 20 janvier 2013

L'évaluation des interactions précoces entre le bébé et ses partenaires, dirigé par Serge Lebovici, Philippe Mazet et Jean-Pierre Visier

  Ce livre est un regroupement de recherches ou d'outils de recherche, élaboré en commun par de nombreux·ses chercheur·se·s, ce qui a donné lieu, nous apprend l'introduction, à des discussions très énergiques sur la définition de la validité scientifique avant d'arriver à un consensus. Il faut dire que, des grilles d'évaluation millimétrées où la fidélité interjuges est indiquée aux études de cas en passant par la peu orthodoxe ethnopsychiatrie (en fait plus orthodoxe qu'il n'y paraît, le travail d'anthropologue préalable des soignant·e·s qui permet la mise en place sérieuse d'un cadre familier aux patient·e·s, fût-il étrange, voire risible pour l'observateur·ice ethnocentriste, constitue une amorce facilitatrice pour l'établissement d'un dialogue où chacun parle le même langage et où l'anamnèse clinique classique peut se faire dans de bonnes conditions, c'est magnifiquement et clairement expliqué, plus longuement bien sûr) présentée par Tobie Nathan et Marie-Rose Moro (ils ont donc travaillé ensemble!), les chercheur·se·s, c'est peu dire, viennent d'horizons théoriques et méthodologiques différents.

  La diversité des travaux présentés, et même la diversité de la façon de les présenter (genèse, présupposés théoriques, méthodologie, conclusions sont loin d'être exposés de façon identique à chaque fois) fait qu'on est plus tenté de lire le livre comme une boîte à outils que de façon linéaire comme un roman, mais on apprend de toutes façons des choses importantes sur les interactions mère-enfant (qui commencent dès la grossesse!) ou encore, dans un chapitre particulièrement intéressant, entre les différents membres de l'équipe soignante (médecins, psys, infirmier·ère·s) entre eux·elles, les parents et les enfants (tiens, si j'avais bien appris mes stats de 2ème année, je saurais calculer combien ça fait d'interactions), mais aussi sur les innombrables éléments qui orientent des recherches (lieu de l'observation -université, clinique, domicile?-, présence ou non du·de la chercheur·se lors des interactions observées, conventions de remplissage d'une grille d'observation et place à accorder aux événements qui ne rentrent pas dans les jolies cases laborieusement élaborées, ...) qui se voudraient pourtant neutres (le réel a souvent l'impolitesse de ne pas s'adapter en fonction de la méthodologie scientifique, en particulier lorsque l'élément observé est un enfant) ou sur la façon de rédiger un travail de recherche, ce qui est pour, par exemple (comme ça au hasard) un étudiant qui ne va pas tarder à devoir rendre un projet tutoré, plutôt intéressant. On est toutefois plutôt dans l'aspect clinique du développement, les recherches étant souvent orientées en fonction d'une pathologie ou autre difficulté rencontrée par la mère ou l'enfant alors que la psychologie du développement plus classique (Jean Piaget, Anne-Marie Fontaine, Alfred Binet, ...) s'intéresse plutôt au développement cognitif de l'enfant en général.

  Bien qu'intimidant vu de l'extérieur (c'est même écrit "éditions médecine et hygiène" sur la couverture) et pas publié dans un objectif de vulgarisation mais de partage d'un savoir, le livre est rédigé clairement et se lit plutôt facilement pour peu qu'on soit habitué un minimum au vocabulaire de la psychologie du développement (en même temps, je ne supporte pas quand les gens utilisent exprès des mots compliqués pour se donner un genre, c'est complètement nyctalope!). Bref, sérieux et accessible, merci messieurs et mesdames les très nombreux·ses (57 quand même) chercheur·se·s!

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