Si Freud a fait sa
thèse de médecine sur le système nerveux de l’écrevisse, ce
n’est pas tout à fait ce domaine de recherches qui l’a fait
passer à la postérité. Nécessitant moins de progrès en imagerie,
des avancées majeures en psychothérapie ont précédé la plupart
des avancées majeures en neurosciences. Les auteur·ice·s des différentes
conférences regroupées dans cet ouvrage mettent en lumière ce que
des découvertes nécessairement plus tardives sur le fonctionnement
du cerveau ont pu confirmer sur les références existantes en
psychothérapie (dans les faits, surtout Freud et Bowlby ),
regrettant pour la plupart au passage que ces deux domaines
d’exploration scientifique tendent à ne pas beaucoup communiquer entre eux.
Le·a lecteur·ice
apprendra ainsi par exemple, imagerie et termes techniques à
l’appui, qu’une communication d’inconscient à inconscient
semble bien se faire entre patient·e et thérapeute, d’hémisphère
droit à hémisphère droit, allant dans le sens de la notion de
transfert/contre transfert. Concernant la théorie de l’attachement,
les progrès en neurologie ont permis de préciser les liens entre la
maturation synaptique et la formation d’un attachement sécure ou
insécure, ou encore, avec des expériences menées avec un…
musicologue, que dès l’âge de six semaines parents et enfants
s’accordaient l’un et l’autre dans le rythme de leurs
interactions, montrant qu’il y avait bien, de part et d’autre, un
échange, une communication, une attention portée à l’autre, mais
aussi que le sens du rythme apparaît très jeune et que le
parler-bébé a bien un intérêt visible (audible?) pour la qualité
du lien. Le travail d’Antonio Damasio sur les émotions sera aussi
beaucoup évoqué. Parmi les regrets exprimés que les disciplines
ici confrontées se snobent trop souvent, une vignette clinique dans
l’avant-dernier chapitre vient rappeler que, quelles que soient les
connaissances techniques dont iel dispose sur le traumatisme, le·a
thérapeute, s’iel veut être un·e bon·ne clinicien, ne peut pas faire
l’économie d’une implication émotionnelle intense, parfois
douloureuse, dans la thérapie.
Bien que la première
parution du livre date de 2003 et que son objet soit de parler de
découvertes récentes, les informations données ne semblent pas
particulièrement obsolètes… d’autant qu’il est surtout
question de découvertes de Freud et de Bowlby, qui datent déjà de
quelques décennies. Le sujet et le contenu sont souvent techniques,
et quelques connaissances sur la théorie de l’attachement, la
psychanalyse et surtout la neurologie sont souvent nécessaires pour
comprendre ce que les intervenant·e·s racontent. Et comme le livre
n’est pas traduit en français, ça peut aussi servir d’être
anglophone.
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