mercredi 3 octobre 2018

Revolutionary connections, dirigé par Jenny Corrigal et Heward Wilkinson



 Si Freud a fait sa thèse de médecine sur le système nerveux de l’écrevisse, ce n’est pas tout à fait ce domaine de recherches qui l’a fait passer à la postérité. Nécessitant moins de progrès en imagerie, des avancées majeures en psychothérapie ont précédé la plupart des avancées majeures en neurosciences. Les auteur·ice·s des différentes conférences regroupées dans cet ouvrage mettent en lumière ce que des découvertes nécessairement plus tardives sur le fonctionnement du cerveau ont pu confirmer sur les références existantes en psychothérapie (dans les faits, surtout Freud et Bowlby ), regrettant pour la plupart au passage que ces deux domaines d’exploration scientifique tendent à ne pas beaucoup communiquer entre eux.

 Le·a lecteur·ice apprendra ainsi par exemple, imagerie et termes techniques à l’appui, qu’une communication d’inconscient à inconscient semble bien se faire entre patient·e et thérapeute, d’hémisphère droit à hémisphère droit, allant dans le sens de la notion de transfert/contre transfert. Concernant la théorie de l’attachement, les progrès en neurologie ont permis de préciser les liens entre la maturation synaptique et la formation d’un attachement sécure ou insécure, ou encore, avec des expériences menées avec un… musicologue, que dès l’âge de six semaines parents et enfants s’accordaient l’un et l’autre dans le rythme de leurs interactions, montrant qu’il y avait bien, de part et d’autre, un échange, une communication, une attention portée à l’autre, mais aussi que le sens du rythme apparaît très jeune et que le parler-bébé a bien un intérêt visible (audible?) pour la qualité du lien. Le travail d’Antonio Damasio sur les émotions sera aussi beaucoup évoqué. Parmi les regrets exprimés que les disciplines ici confrontées se snobent trop souvent, une vignette clinique dans l’avant-dernier chapitre vient rappeler que, quelles que soient les connaissances techniques dont iel dispose sur le traumatisme, le·a thérapeute, s’iel veut être un·e bon·ne clinicien, ne peut pas faire l’économie d’une implication émotionnelle intense, parfois douloureuse, dans la thérapie.

 Bien que la première parution du livre date de 2003 et que son objet soit de parler de découvertes récentes, les informations données ne semblent pas particulièrement obsolètes… d’autant qu’il est surtout question de découvertes de Freud et de Bowlby, qui datent déjà de quelques décennies. Le sujet et le contenu sont souvent techniques, et quelques connaissances sur la théorie de l’attachement, la psychanalyse et surtout la neurologie sont souvent nécessaires pour comprendre ce que les intervenant·e·s racontent. Et comme le livre n’est pas traduit en français, ça peut aussi servir d’être anglophone.

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