La
personnalité est un terme qui semble plutôt aller de soi dans le
langage courant, mais qui devient effroyablement complexe quand on
cherche à le circonscrire plus précisément. Comment trouver des
critères suffisamment universels pour pouvoir situer chaque
personne, mais suffisamment spécifiques pour rendre compte de
l’aspect unique de chacun·e? La personnalité permet-elle de prédire
un comportement dans telle ou telle situation? Elle permet certes de
définir quelqu’un, mais ne peut-on pas changer de personnalité au
cours de sa vie? Et puis la personnalité reste-t-elle vraiment la
même dans différents contextes? Quelle part attribuer à la
génétique, aux événements de vie, à l’environnement social,
familial, professionnel (et bien sûr au brillant travail du ou de la psychothérapeute)? Certaines personnalités sont-elles
préférables à d’autres, en général ou dans des circonstances
particulières? Ce livre rend compte des nombreux enjeux de ce sujet,
et plus que de répondre à toutes ces questions (même si bien sûr
plusieurs infos sont données sur l’état de la science!),
expliquera comment les chercheur·se·s ont tenté d’y répondre.
Difficile
d’avoir un consensus sur un sujet aussi vaste, d’autant que,
comme l’avance l’auteur, "les théories actuelles trahissent
bien souvent encore les conceptions personnelles qu’ont leurs
auteurs des sources des différences individuelles et des priorités
qu’ils y accordent". L’humain est-il un compromis boiteux entre
ses pulsions les plus sombres et la nécessité de vivre en société
(Freud?), un être qui ne demande qu’à s’accomplir en optimisant
au mieux les ressources dont il dispose (Rogers et Maslow), condamné
à l’errance au gré des stimuli et de la façon dont il y réagit
(Skinner), un scientifique guidé par l’observation de ses impacts
sur son milieu (George Kelly)? Ces propositions ne sont qu’une
fraction des perspectives de la personnalité présentées et
critiquées, sachant que le modèle le plus utilisé dans la
recherche est le Big Five, qui a la spécificité d’être
issu d’analyses factorielles (comme d’autres modèles
concurrents, par exemple celui d’Eysenck qui jusqu’à la fin de sa vie
dans les années 90 a défendu son modèle à trois facteurs) et
situe la personnalité sur cinq dimensions principales (Ouverture,
Conformisme, Extraversion, Agréabilité, Neuroticisme), même si
leur dénomination ne fait pas l’unanimité. Après
s’être attardé sur la construction des modèles présentés,
l’auteur fournira des éléments de réflexion sur différents enjeux : que sait-on
sur les liens entre la personnalité et les émotions, les
performances cognitives, la psychopathologie, ou encore la capacité
à se représenter le passé et le futur (ça s’appelle la
conscience autonoétique, et il faudra absolument que je le case dans
une conversation, nom de Zeus!)?
Si le
sujet est complexe et technique et que le livre offre plus de
questions que de réponses, il arrive à rendre le thème et ses
enjeux intéressants, et à couvrir un vaste territoire. C’est
idéal pour un·e étudiant·e en psychologie (surtout que de nombreux
rappels sont faits sur la méthodologie de la recherche), mais pourra
aussi satisfaire (augmenter?) la curiosité de quelqu’un qui
s’intéresse au sujet sans vouloir être un·e expert·e.
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