mercredi 17 juillet 2019

Psychologie de la personnalité, de Michel Hansenne



 La personnalité est un terme qui semble plutôt aller de soi dans le langage courant, mais qui devient effroyablement complexe quand on cherche à le circonscrire plus précisément. Comment trouver des critères suffisamment universels pour pouvoir situer chaque personne, mais suffisamment spécifiques pour rendre compte de l’aspect unique de chacun·e? La personnalité permet-elle de prédire un comportement dans telle ou telle situation? Elle permet certes de définir quelqu’un, mais ne peut-on pas changer de personnalité au cours de sa vie? Et puis la personnalité reste-t-elle vraiment la même dans différents contextes? Quelle part attribuer à la génétique, aux événements de vie, à l’environnement social, familial, professionnel (et bien sûr au brillant travail du ou de la psychothérapeute)? Certaines personnalités sont-elles préférables à d’autres, en général ou dans des circonstances particulières? Ce livre rend compte des nombreux enjeux de ce sujet, et plus que de répondre à toutes ces questions (même si bien sûr plusieurs infos sont données sur l’état de la science!), expliquera comment les chercheur·se·s ont tenté d’y répondre.

 Difficile d’avoir un consensus sur un sujet aussi vaste, d’autant que, comme l’avance l’auteur, "les théories actuelles trahissent bien souvent encore les conceptions personnelles qu’ont leurs auteurs des sources des différences individuelles et des priorités qu’ils y accordent". L’humain est-il un compromis boiteux entre ses pulsions les plus sombres et la nécessité de vivre en société (Freud?), un être qui ne demande qu’à s’accomplir en optimisant au mieux les ressources dont il dispose (Rogers et Maslow), condamné à l’errance au gré des stimuli et de la façon dont il y réagit (Skinner), un scientifique guidé par l’observation de ses impacts sur son milieu (George Kelly)? Ces propositions ne sont qu’une fraction des perspectives de la personnalité présentées et critiquées, sachant que le modèle le plus utilisé dans la recherche est le Big Five, qui a la spécificité d’être issu d’analyses factorielles (comme d’autres modèles concurrents, par exemple celui d’Eysenck qui jusqu’à la fin de sa vie dans les années 90 a défendu son modèle à trois facteurs) et situe la personnalité sur cinq dimensions principales (Ouverture, Conformisme, Extraversion, Agréabilité, Neuroticisme), même si leur dénomination ne fait pas l’unanimité. Après s’être attardé sur la construction des modèles présentés, l’auteur fournira des éléments de réflexion sur différents enjeux : que sait-on sur les liens entre la personnalité et les émotions, les performances cognitives, la psychopathologie, ou encore la capacité à se représenter le passé et le futur (ça s’appelle la conscience autonoétique, et il faudra absolument que je le case dans une conversation, nom de Zeus!)?

 Si le sujet est complexe et technique et que le livre offre plus de questions que de réponses, il arrive à rendre le thème et ses enjeux intéressants, et à couvrir un vaste territoire. C’est idéal pour un·e étudiant·e en psychologie (surtout que de nombreux rappels sont faits sur la méthodologie de la recherche), mais pourra aussi satisfaire (augmenter?) la curiosité de quelqu’un qui s’intéresse au sujet sans vouloir être un·e expert·e.

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