lundi 28 septembre 2020

Helping couples change, de Richard B. Stuart


 Si l’approche principale utilisée dans ce livre sur la thérapie de couple est celle du social learning, qui si j’ai bien compris concerne l’application des connaissances de la psychologie sociale à la psychologie clinique (je n’ai pas la moindre idée du nom français), il s’agit plus généralement d’une synthèse ambitieuse des méthodes et techniques qui ont, au moment de l’écriture (le livre a été publié en 1980), le plus fait preuve de leur efficacité. De fait, l’ensemble est assez technique et sera bien plus clair pour le·a lecteur·ice qui a déjà des connaissances solides sur le sujet.

  Le livre s’ouvre sur pas mal de stats, tout en insistant sur le fait que la thérapie de couple reste une discipline distincte de la voyance : le.a thérapeute ne peut pas savoir, quels que soient les éléments disponibles, si la thérapie va aboutir ou non à une séparation (une séparation n’étant pas nécessairement un échec). Même une demande a priori peu imprévisible a potentiellement une part d’ambiguïté : des séances de préparation au mariage peuvent être le signe que la personne qui les demande n’a pas tellement envie de s’engager si rien ne bouge, et derrière une demande d’aide à une séparation harmonieuse peut se dissimuler une envie de reconstruire le lien plutôt que d'y renoncer. Des données sont toutefois disponibles, comme le fait que, tant mieux ou tant pis, qui se ressemble s’assemble (des points communs au niveau par exemple de l’âge, des valeurs, de la religion, de la classe sociale, rendent les unions plus solides), que le mariage rend effectivement heureux (encore que, les statistiques données ne sont pas genrées, alors que de mémoire il me semble que ce vécu n’est pas le même pour les hommes et pour les femmes) mais que le divorce n’a pas tellement d’impact négatif sur les enfants (ou en tout cas moins que de vivre la cohabitation avec un couple qui ne s’aime plus), ou encore que les couples épanouis expriment plus fréquemment leurs désaccords (oui, je vous donne vraiment les infos en vrac, il y en a des dizaines de pages).

  La structure de thérapie proposée aura en substance pour objectif d’améliorer la communication (certes, ce n’est pas un sommet d’originalité, mais, une fois encore, le livre est extrêmement technique, là c’est la version très courte) : prendre soin d’exprimer le positif, expliciter ce qui pose problème (l’implicite se met vite en place mais c’est un terrain miné), être plus clair·e sur ses attentes. La difficulté posée par le changement profond est souvent évoquée et, si l’objectif est que les patient·e·s s’approprient les outils qu’iels ont appris à utiliser chez le·a thérapeute, l’approche est très progressive. La première étape consiste d’ailleurs à prendre soin de l’autre au quotidien à travers de petits gestes : c’est aussi une première occasion de créer un espace de communication et de négociation, pour savoir quels gestes feraient effectivement du bien à l’autre. Si l’idée est de créer un passage à l’action bien présent mais peu contraignant, l’auteur conseille quand même de passer un coup de fil aux client·e·s trois jours après la séance pour s’assurer que passage à l’action il y a effectivement eu. Les étapes suivantes consisteront à construire une communication plus saine, par exemple en s’engageant à expliciter le négatif plutôt que le passer dans le non-verbal, à exprimer le positif sans l’utiliser comme cheval de Troie pour balancer une critique ("c’était gentil de faire la vaisselle pour moi, ce serait sympathique de la faire aussi de temps en temps même quand je n’ai pas 40 de fièvre"), ou encore à clarifier les espaces de décision (qui, selon les données fournies par l’auteur, tendent à s’installer de façon assez stable sans pour autant être clairs pour les parties concernées) et éventuellement les renégocier en s’inscrivant dans une dynamique gagnant-gagnant. 

  Difficile pour moi d’évaluer ce livre… le contenu était certes intéressant, mais je n’en ai retenu qu’une infime partie de ce que j’aurais retenu si j’avais des connaissances solides dans ce domaine (au lieu de aucune connaissance du tout). Pour autant, je ne peux pas me contenter de le conseiller chaudement aux expert·e·s du sujet, puisqu’il date de 1980 et que la thérapie de couple a très probablement, et c’est le moins qu’on puisse souhaiter, considérablement évolué en 40 ans (et elle a peut-être même évolué en partie grâce à ce livre!). Je peux en tout cas affirmer qu’il est rigoureux, dense et documenté (faute d’être traduit en français).


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