Explosifs, impactants fortement la vie des personnes concernées et de leurs proches, sujets, comme de nombreux troubles psychiques, à des idées reçues qui n'aident vraiment pas, difficiles à diagnostiquer (les récits autobiographiques de personnes bipolaires, ici ou ici par exemple, rapportent souvent une errance diagnostique douloureuse et dangereuse)... un livre destiné au grand public et synthétique sur le sujet des troubles bipolaires a, c'est le moins qu'on puisse dire, son utilité.
Si l'auteur ne fait pas l'économie de termes techniques (en particulier dans la partie qui concerne l'origine du trouble), les chapitres sont courts donc les parties les plus complexes peuvent être relues plusieurs fois, et une version encore plus courte est proposée à la fin de chaque chapitre sous forme de points clefs (par exemple, si le jargon sur l'état de la science sur l'éventuelle origine génétique du trouble vous a fait fuir, vous pouvez par exemple lire quelques pages plus tard que "plusieurs facteurs (dont certains sont génétiques) sont impliqués dans son développement", explication qui n'implique pas de se plonger dans les subtilités de la méthylation du génome ou du volume de la substance grise amygdalienne).
Un diagnostic correct est une nécessité, dans la mesure où des thérapies efficaces, même si elles se doivent d'être individualisées, existent (médicamenteuses, psychologiques -TCC et psychoéducation sont principalement recommandées-, ...) et où le danger, qui par ailleurs ne disparaît pas avec une prise en charge, est réel : le risque suicidaire est 20 fois plus important que dans la population générale (le début, les phases dépressives sévères, et les phases de transition d'un état à l'autre sont particulièrement à surveiller), avec un taux de tentatives dites réussies particulièrement élevé. Il est pourtant compliqué par différents facteurs. D'une part, les troubles bipolaires regroupent trois pathologies distinctes : de type 1 (au moins un état d'excitation sévère maniaque -euphorie, sensation de toute puissance, activité intense avec éventuellement prises de risques ou dépenses excessives, ...- et de possibles phases dépressives), de type 2 (états d'excitation modérés et épisodes dépressifs) et trouble cyclothymique (où les phases maniaques et dépressives sont plus modérées). D'autres part, certaines pathologies ont des manifestations proches (trouble borderline, schizophrénie -les périodes de crises peuvent être associées à des pensées délirantes- et TDAH) et d'autres ont tendance à être associées aux troubles bipolaires (addiction, troubles anxieux et troubles du comportement alimentaire).
Sur ce sujet complexe et sensible, l'auteur parvient à faire une synthèse accessible mais dense, qui permet d'approfondir les points qui nécessitent une compréhension plus nuancée.
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