mardi 13 mai 2014

A Semestre 6 of Ice and Fire



 Demain commencera l'étape si particulière de l'année scolaire où je vais pouvoir me consacrer à 100% aux révisions (conversation avec les collègues : "tu pars où en vacances?" "Dans ma chambre")... et je suis encore plus en retard que l'année dernière. D'ailleurs je suis presque vexé. Je veux dire, l'année dernière, j'avais placé la barre très haut, je m'impressionnais moi-même, et pourtant je sais de quoi je suis capable... mais là, la performance précédente a été écrasée du revers de la main, presque négligemment, au point qu'elle paraîtrait presque insignifiante. L'année dernière, j'avais deux bonnes excuses que je n'ai pas cette année (cherchez l'article sur le blog, je vais pas non plus tout faire ici, non mais ho!), et à cette étape je n'avais pas fini de lire les cours que j'étais supposé viser (bon, les partiels étaient plus tard, mais de quelques jours). Là, j'ai à peine commencé à les lire (je crois que les chercheur·se·s en sciences de l'éducation appellent ça un epic fail). En plus, ce n'est pas vraiment dû à de la flemmingite, dont je suis régulièrement sujet à de violentes crises (quand on y réfléchit, la flemmingite, c'est un peu le niveau supérieur de la phase maniaque... dans la phase maniaque, on se livre à fond à de nombreuses activités avec un sentiment de toute puissance, alors que dans une crise de flemmingite le sentiment de toute puissance est tel qu'on a l'impression que les exploits vont s'accomplir d'eux-mêmes). C'est plutôt dû à des erreurs de stratégie. Mais des erreurs de stratégie de haut niveau, du genre décider de faire les 24H du Mans en poussant la voiture plutôt qu'en la conduisant, ou faire un combat de boxe les yeux bandés parce que dans Star Wars ça marche super bien pour anticiper les attaques.

 La première erreur de stratégie concerne le projet tutoré... En plus des lectures préparatoires que j'ai généreusement partagées sur ce blog (ne me remerciez pas, c'est un coup insupportable porté à mon humilité, envoyez-moi un chèque plutôt), j'ai eu l'idée de lire les articles (des comptes rendus de recherche, la plupart en anglais et, pire, en stats... ah, et puis trois thèses de doctorat aussi) en pdf mis à disposition par le prof. Ce n'était pas du temps perdu, ça m'a été très utile, mais c'était quand même du temps, beaucoup de temps, phénomène que j'ai, avec force étourderie, oublié de prendre en compte. Il eût été judicieux, en voyant l'année scolaire passer, soit de faire une sélection dans les articles, soit de me mettre régulièrement des coups de pied au fondement (traitement aussi efficace que dénué d'effets secondaires contre la flemmingite, c'est une différence que j'ai oublié de mentionner tout à l'heure dans ma comparaison avec la manie) pour aller -beaucoup!- plus vite.

 Mais là où j'ai fait un festival d'erreurs de stratégie, c'est... c'est... le STAGE [insérez ici une musique de type La Cité de la Peur bruitée à la bouche]. C'était d'autant plus embêtant d'enchaîner les erreurs de stratégie que, trouver un stage, c'est la guerre. Pour vous donner une idée de la rentabilité de mes démarches, voilà comment j'ai commencé.

 Première structure repérée, dans la riante commune de Saint-Fons où je n'ai jamais mis les pieds, je décide de m'y rendre directement, si ça se trouve ça va me faire passer devant l'aspirant·e-stagiaire qui a confié le transport de son CV ) à La Poste. Mon sens de l'orientation aidant, ça prend un temps certain pour trouver la structure : pas de bol, ils n'ont pas de psys. Très fier de mon sens de l'initiative, je demande si iels connaissent des structures qui ONT des psys, et qui cherchent désespérément des stagiaires. J'apprends avec émotion que l'asso xxx a des psys. Après avoir constaté sur le net à quel point l'association en question a l'air merveilleuse, je m'y rends plein d'enthousiasme après une nuit (je travaille de nuit) de dur labeur. C'est fermé, f...ck (iels auraient quand même pu s'adapter à mes horaires!). J'attends patiemment (ça fait bien une demi-heure là... ah non, deux minutes), toujours plein d'enthousiasme mais de plus en plus plein d'yeux qui se ferment. ça ouvre, je laisse passer les gens devant moi (les gens qui ont vraiment besoin de l'asso... oui mon altruisme n'a pas de limites), et quand c'est mon tour je rassure mon interlocutrice : ils se morfondaient de ne pas avoir de stagiaire, me voilà (100 heures, exactement comme iels voulaient, iels n'avaient juste pas osé demander). Oui mais iels n'ont pas de psy, il faut aller dans leur autre local dont iels me fournissent l'adresse (oralement) et le n° de téléphone (par écrit). Je marche vaillamment jusqu'à l'adresse, mais, la fatigue me donnant non seulement l'apparence mais aussi la mémoire de travail d'un zombie, je me trompe sur le n° de rue. Ne voyant pas le local annoncé, je téléphone... pour apprendre qu'il faut candidater par mail et le·a psy étudiera la demande. 1°) Euh, c'est moi ou je viens de marcher, puis téléphoner, puis apprendre qu'il fallait envoyer un mail? 2°) J'ai probablement mal compris le sens de "étudier la demande", il semble que ça impliquait la touche "corbeille", ce détail m'avait échappé. Bon, je vous rassure, après j'ai été beaucoup plus conventionnel. Mention spéciale à une autre fois, plus tard dans l'année, où j'ai eu l'idée géniale de me déplacer (pendant la matinée hebdomadaire d'ouverture du secrétariat, je précise parce que vous allez voir ce sera pas flagrant). Je frappe à la porte (il n'y a pas de sonnette), rien. Je fait un tour pour voir si je suis bien au bon endroit, je refrappe à la porte : quelqu'un me répond... par la fenêtre. Non, je n'ai pas éclairé sa journée d'un soleil radieux et prometteur, iels ne prennent pas de stagiaires (ah ben oui forcément comme ça c'est plus simple). Question habituelle ("pitiez dites-moi que vous connaissez quelqu'un qui accepte des stagiaires!"), je lui soutire que ça va être chaud, et qu'en général les EHPAD c'est moins compliqué qu'ailleurs. Peut-être vexée que je l'ai forcée à me parler plus que prévu, mon interlocutrice ajoute "surtout qu'il vous reste plus beaucoup de temps, hahaha!". Merci, ça c'est pas du tout stressant (ni gratuit!) et c'est super sympa : "tiens, toi qui es par terre, je ne vais pas t'aider à te relever mais je vais te marcher sur la main pour voir si c'est rigolo".

 La recherche de stage, c'est de loin le plus dur et le plus stressant que j'ai vécu depuis que je suis inscrit à l'IED (même le premier -et terrifiant- projet tutoré, à côté, c'était tranquille). La réponse est dans la grande majorité des cas binaire, c'est soit oui soit non, ça change quand même d'une note sur 20, et surtout le plus souvent on n'a pas du tout de réponse, donc on ne sait pas ce qui ne va pas. ça démultiplie la violence de la situation d'élève en difficulté : on se sent encore plus paresseux·se/stupide que quand on a quelques repères. Et en plus, mine de rien, ça prend du temps.

 C'est aussi un peu comparable aux déconvenues amoureuses : on repère une structure qui nous inspire, on envoie une lettre de motivation enflammée pour communiquer notre désir et notre passion, et étrangement c'est rarement réciproque ("non mais c'est pas toi, c'est moi, je viens d'avoir un·e stagiaire difficile, ça me ferait trop de mal de reprendre quelqu'un maintenant... mais tu as un CV très sympathique, je suis sûr que tu trouveras une structure avec laquelle tu vas super bien t'entendre... ... ... ouf, c'est bon, iel est parti!"). Quand on a eu un entretien, qui en plus semblait s'être bien passé, la déconvenue est plus douloureuse encore... "Mais on avait une étincelle! Je suis le seul à avoir senti cette étincelle? Tu aurais fait semblant? Pfff, je suis sûr que tu fais ça avec tout le monde, moi qui croyais qu'on avait quelque chose de particulier. Je nous voyais déjà gambader ensemble dans les prairies riantes de la psychologie clinique, gravir ensemble les montagnes abruptes de la souffrance des patient·e·s, survoler à dos de dragon les paysages pittoresques de la neurologie, mais je vois que je me suis fait des illusions, tu sembles tout d'un coup trouver que ça allait trop vite entre nous! Franchement, qu'est-ce qu'iel avait de plus que moi, l'autre candidat!".

 L'humaniste béat que je suis est en désaccord avec le proverbe "en amour et à la guerre, tout est permis". Pourtant, malgré mes comparaisons précédentes, je le dis haut et fort : pour une recherche de stage, la convention de Genève, ça va deux minutes. Oubliez vos principes. Par exemple, au début, j'avais des principes auxquels j'avais vaguement l'intention de me tenir. Ne pas utiliser de piston, par exemple, parce que c'est mal (bon, il faut dire que ce principe, il n'a vraiment pas tenu longtemps, j'ai même trouvé le moyen d'être pistonné par quelqu'un que je n'avais jamais vu et qui ne m'avait jamais vu!). Famille, médecin personnel, demandez sans pitié à n'importe quelle personne que vous avez sous la main susceptible de connaître un·e psy ou une structure (ça m'a aussi servi à savoir que tel hôpital ne prenait pas du tout de stagiaires... ça ne fait pas signer une convention de stage, mais ça fait gagner pas mal de temps). Et surtout, quand on vous annonce une réponse à telle date, n'attendez pas telle date pour continuer à chercher parce que ce serait plus poli! Bon, en même temps, je crois qu'il n'y avait que moi pour faire ça, c'est pas juste poli c'est un peu crétin (et c'est une excuse pour faire autre chose en attendant, donc ça n'a pas que des inconvénients, mais ça en a quand même pas mal).

 Avec tout ça, pour finir sur une meilleure note (qui ne compte pas dans la moyenne, hahaha), j'ai une piste sérieuse pour un stage... mais ce serait pour l'année scolaire prochaine faute d'avoir trouvé plus tôt, donc je serai encore en L3 l'année prochaine quoi qu'il arrive (L1 en 1 an, L2 en 2 ans, L3 en 3 ans... j'espère que je ne vais pas mettre 5 ans à faire l'année de Master 2!). Du coup, ça relativise mon retard si important dans les révisions : si je fais une chute libre aux partiels, ce n'est pas si grave. Mais bon, c'est quand même mieux si j'évite : on s'y met! Prochains résumés sur ce blog pour après les partiels, les deux prochains concerneront encore le cours de méthodo de l'entretien, dont un hors bibliographie.

2 commentaires:

  1. Ah que je compatis, je suis sur votre blog au lieu de réviser ;) mais bon je vais m’y mettre. Bon courage et pour les révisions et pour les examens et pour le stage.

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  2. Vous n'êtes pas sur le blog au lieu de réviser, vous préparez rigoureusement votre projet tutoré O:)
    Merci pour vos encouragements, le stage c'est enfin bon (même si c'est pour l'année prochaine), c'est déjà une chose de faite

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