lundi 18 mai 2015

Le livre noir des violences sexuelles, de Muriel Salmona




 Le titre peut surprendre. On imagine mal, en effet, une Apologie des violences sexuelles, ni même un Plaidoyer pour les violences sexuelles, d'autant que, comme le précise Virginie Despentes (dans King-Kong théorie), "les hommes continuent à faire ce que les femmes ont appris à faire pendant des siècles : appeler ça autrement, broder, surtout ne pas utiliser le mot pour décrire ce qu'ils ont fait". Ce titre est pourtant pleinement justifié, d'une part parce que, même si leurs auteur·ice·s les appellent autrement (ce qui aggrave le problème), les violences sexuelles sont extrêmement répandues ("dans leur vie, 16% des femmes ont subi des viols ou des tentatives de viol", "moins de 8% des viols font l'objet de plaintes"), y compris sur des mineur·e·s ("près de 50% des violences sexuelles sont commises sur des filles de moins de 16 ans", en France "26% des Français connaissent au moins une personne victime d'inceste dans leur entourage et 3% des Français déclarent avoir été victimes d'incestes -5% des femmes et 1% des hommes-"), et d'autre part parce que tant la société dans son ensemble qu'une partie des professionnel·le·s directement concerné·e·s (médecins, services sociaux, justice, …) ont leur part de responsabilité dans la situation, du fait de certains tabous (il est plus difficile de se représenter des violences dans certains cadres tels le couple, la famille, …) ou au contraire d'une violence jugée à tort inhérente à certains contextes (sexualité, éducation, ...), d'une société inégalitaire (la parole et les droits fondamentaux de la femme ou de l'enfant sont moins pris au sérieux que celui de l'homme ou de l'adulte, "40% des femmes ayant un handicap physique vivront au moins une agression sexuelle au cours de leur vie", ...) et d'une méconnaissance générale de l'effet de ces violences (et d'autres violences) sur les victimes.

 Suite à des mécanismes plus idéologiques que rationnels, les victimes qui parlent de ce qui leur est arrivé sont en effet souvent traitées comme des coupables, accusées d'exagérer, d'avoir provoqué, de ne pas se remettre assez rapidement, … Est-ce qu'elles se sont bien rendues compte de l'effet qu'elles faisaient à l'agresseur? Est-ce que c'était si limpide que ça qu'elles n'étaient pas consentantes? N'est-ce pas étrange qu'elles ne se soient pas plus défendues? L'enfant qui refuse le droit de visite de son père et dénonce des violences n'est-il pas manipulé par sa mère dans le cadre du divorce? L'autrice dénonce un univers qui banalise cette idéologie, à travers un sexisme généralisé ou un manque de respect de l'adulte envers l'enfant, et estime responsables entre autres la prostitution et la pornographie (qui sont pour elle des violences sexuelles en soi), les violences éducatives (l'adulte est plus prompt à juger le comportement de l'enfant qu'à surveiller le sien, et se donne le droit de frapper pour rectifier le comportement de l'enfant qui serait trop indiscipliné) ou des idées inégalitaires répandues (racisme, …). Cette tendance est non seulement destructrice pour la victime qui se verra privée de renforts externes et internes (comprendre qu'on a été victime d'une agression et être légitimé dans ce sens, loin d'inciter à une supposée complaisance, fait partie intégrante du processus thérapeutique), mais limite les opportunités de changer aux coupables qui voudraient se remettre en question, et risquent d'être confrontés à des discours de type "ça arrive à tout le monde de craquer", "ce n'est pas non plus si grave", ... Du fait de la sidération (et d'une absence de repères dans une situation incompréhensible, en particulier pour les enfants victimes de violences sexuelles) au moment des violences, la victime risque de plus d'être colonisée par ce type de discours inversant les culpabilités de la part de l'auteur·ice des violences ("les agresseurs ne se contentent pas de faire souffrir leurs victimes, ils les obligent souvent à dire et penser que c'est pour leur bien, qu'elles aiment ça, leur déniant ainsi toute possibilité de se défendre et de se plaindre") et d'intégrer ces pensées... le risque est bien entendu décuplé si en plus elle l'entend d'un·e proche ou d'un·e professionnel·le dont le rôle est de la soutenir. Du fait d'une sous-estimation de la gravité des faits, même les gens compréhensifs dans un premier temps risquent de moins l'être en voyant que la victime ne se remet pas de ce qu'elle a subi. Et, si les proches même finissent par ne plus être des allié·e·s quand l'agression n'est pas oubliée fissa, on n'ose imaginer la difficulté de trouver du soutien quand se manifestent des conséquences moins connues du traumatisme qui peuvent franchement prendre au dépourvu les gens non avertis (repli sur soi alternant avec des conduites extrêmes, des violences auto-infligées et des prises de risque).

 La police et les tribunaux sont hélas aussi concernés par ce manque de formation, voire contaminés par cette idéologie (l'autrice rappelle que beaucoup de victimes silencieuses -"pour le viol, qui est un crime jugé en cour d'assise, ce sont moins de 10% de plaintes, 3% de poursuites judiciaires et entre 1 et 2% de condamnations"- ça veut mathématiquement dire beaucoup de coupables inconnu·e·s... dont certain·e·s risquent donc de se retrouver à un point ou à un autre de la chaîne judiciaire en cas de procédure). A cela s'ajoutent, pour une victime qui rappelons-le vient de subir un traumatisme, des examens physiques et psychiques qui peuvent être éprouvants, revivre le traumatisme en le racontant à un·e enquêteur·ice qui cherchera les failles (serait-ce pour les anticiper de la part de la défense) donc posera des questions sur les signaux envoyés, la raison pour laquelle la plainte n'a éventuellement pas été déposée de suite, … Le processus peut se révéler douloureux même avec des interlocuteur·ice·s bienveillant·e·s, ce qui n'est pas, loin de là, nécessairement le cas. Muriel Salmona ne réclame pourtant pas que les murs des tribunaux soient couverts du sang des violeur·se·s, qu'une pique avec la tête des auteur·ice·s de violence conjugale orne l'entrée des commissariats, et est extrêmement claire sur son respect des droits de la défense ("il est facile de comprendre qu'un accusé ait tout intérêt à nier son crime et à mettre en cause la victime, et qu'il puisse bénéficier de la présomption d'innocence"). On peut toutefois se demander ce qui se passe dans l'univers de ceux qui supposent par défaut que quelqu'un aurait l'idée saugrenue de porter plainte, d'aller jusqu'au bout de la procédure, après une relation sexuelle consentie. Certes c'est une possibilité, et les victimes de calomnie sont aussi à protéger, mais agir comme si le mensonge était la règle plutôt que l'exception? Imaginons un instant la même situation avec un autre type d'infraction (l'exemple n'est pas de moi, mais c'était dans un fichier image pêché sur le net et non sourcé)... "Je me promenais rue xxx vers 22h" "Dans ce quartier là? Le soir ?" "Euh... oui" "Et vous étiez habillé comme ça ? En costume ?" "Oui. Et d'un coup, un inconnu a surgi, il m'a menacé avec une arme et m'a demandé mon portefeuille" "Et vous lui avez donné? Vous ne vous êtes pas défendu?" "Il m'a pris par surprise, il avait une arme, j'ai cru qu'il allait me tuer!" "En plus, si je ne me trompe pas, vous êtes quelqu'un de généreux, non?" "Euh... oui, je donne à des associations" "Donc vous exhibez votre richesse dans un quartier chaud le soir, et quand on vous demande votre portefeuille vous vous exécutez sans vous défendre. En plus, vous êtes quelqu'un qui aime donner de l'argent! Ce que je pense, c'est que vous avez donné de l'argent volontairement, et qu'après vous avez changé d'avis!". S'ajoute encore à ça le manque de considération pour la sécurité des victimes : il arrive souvent qu'aucune mesure ne soit prise pour éviter que le·a coupable ne puisse les approcher. L'autrice déplore également que certaines données scientifiques solides n'aient pas leur place dans les tribunaux, alors que le Syndrome d'Aliénation Parentale, à la validité scientifique pour le coup inexistante, peut influencer des jugements. Que des circonstances aggravantes, comme l'alcoolisation, se transforment en circonstances atténuantes (si la victime a bu elle n'avait qu'à être plus lucide, si l'agresseur a bu comment vouliez-vous qu'il se contrôle ?). Enfin, le livre comprend des exemples concrets de réticence, voire de maltraitance des professionnel·le·s de la justice. Une adolescente de 15 ans vierge est violée par un ancien camarade de classe qui reconnaît qu'elle avait dit non et qu'il avait du lui tenir les bras. Le procureur prononce un non-lieu. Elle se retrouve en garde à vue (où elle se fait traiter de menteuse et annoncer qu'elle risque 10 ans de prison) pour dénonciation mensongère. Le tout, semble-t-il, parce qu'elle n'avait pas parlé d'échanges MSN entre eux avant le viol. Un non-lieu est prononcé alors qu'on petit garçon de 10 ans a été sodomisé par son cousin de 17 ans, parce qu'il aurait été demandeur (malgré une loi alors en vigueur selon laquelle l'enfant ne peut consentir). Un psychiatre, dans le cadre de l'expertise, harcèle la plaignante qui ne cède pas puis fait un rapport d'expertise destructeur et insultant. Un policier fait savoir crûment à une femme de 25 ans que vu la façon dont elle s'est défendue il pourrait la violer de suite, puis plus tard tente de l'embrasser de force (elle s'est défendue!). En estimant leur comportement tout à fait légitime puisque l'audition est filmée (victime mineure), le brigadier et la brigadière rient quand une adolescente de 13 ans décrit son viol par trois adultes ayant autorité, la traitent de libertine, lui demandent si elle a aimé être sodomisée, et lui expliquent qu'une fille violée ne se serait pas débattue comme elle. Un autre policier insiste pour faire dire à une autre adolescente, de 14 ans, séquestrée et violée par deux hommes pendant 48 heures, qu'elle ment. Elle dit qu'elle a crié, il rétorque que c'était de plaisir. Quand elle prévient qu'elle a la nausée et qu'elle va vomir (elle est sous traitement préventif de VIH), en revanche, il trouve ça assez intolérable pour oublier une seconde l'uniforme qu'il porte et le respect de la loi qu'il implique ("Tu n'as pas intérêt sinon je t'en retourne une!"), révélant son sens des priorités. Ces exemples, qui dans une fiction ne seraient pour la plupart pas crédibles car trop surréalistes, concernent les seul·e·s patient·e·s de Muriel Salmona, sur la seule année qui précède l'écriture du livre!

 L'autrice regrette aussi le manque de formation des professionnel·le·s de la santé. Au delà des éventuelles violences exercées avec l'appui du pouvoir que peut conférer la blouse blanche, elle a observé dès sa formation, y compris en psychiatrie, un manque de vigilance et de considération envers le vécu de victime et ses conséquences. Dans le cas de certain·e·s patient·e·s, les informations sur les violences subies, bien qu'obtenues ou pas trop dures à obtenir en s'intéressant au sujet, n'étaient pas reliées à la pathologie présentée alors que le lien aurait expliqué bien des choses. En tant qu'étudiante en psychiatrie, elle était frustrée par les modèles théoriques existants et a compris et théorisé, à travers des recherches utilisant témoignages, œuvres d'art, travaux sur le traumatisme et le stress post-traumatique et neuro-imagerie, le fonctionnement de la mémoire traumatique. Cependant, le manque de formation sur le sujet pose encore problème aujourd'hui. Les médecins, y compris ceux dont l'expertise sera utilisée dans le processus judiciaire, méconnaissent souvent le sujet ("La reconnaissance des dommages psychiques ne va donc pas de soi, et elle est le plus souvent soumise à des évaluations aléatoires et dépendantes de chaque médecin. Ces derniers restent malheureusement persuadés, dans leur grande majorité, qu'il n'existe pas de symptômes spécifiques scientifiquement validés"). L'enjeu est pourtant de taille, comme ça a pu par exemple être constaté lors d'une enquête de médecins et de sages-femmes en Seine-Saint-Denis (en 2005 et 2006). Il s'agissait de poser trois questions à des patientes qui venaient en consultation de médecine générale : avez-vous déjà subi des violences verbales? physiques? sexuelles? Bien que pour certains réticents au départ ("bonjour, je porte une blouse blanche qui peut intimider et je vais vous poser une question potentiellement intime et qui risque de réveiller un vécu difficile alors que vous venez me voir pour autre chose... sinon, vous avez votre carte vitale sur vous?"), iels ont été surpris de la facilité à poser les questions, et de la facilité avec laquelle les patientes répondaient. 54% des patientes ont dit avoir subi des violences, 90% d'entre elles en parlaient pour la première fois à un médecin. Et, comme l'autrice le précise dans l'intro, les violences vécues peuvent être la cause d'autres symptômes, psychiques mais aussi somatiques, qui impliquent une thérapie adaptée.

 Face à une agression subie, le cerveau a un fonctionnement spécifique. Comme je suis à peu près aussi doué en neurologie qu'un hamster (ce qui va bien m'embêter dans deux semaines, mais c'est un tout autre sujet), je ne vais pas m'aventurer à reprendre les explications détaillées du livre, parce que ce serait laborieux et que je suis paresseux, et aussi accessoirement parce que je risquerais de glisser pas mal d'erreurs. Je vais donc me contenter de réexpliquer ce que j'en ai compris, et qui éclaire déjà énormément de choses. Pour celles et ceux qui sont très motivé·e·s et/ou qui ne sont pas intimidé·e·s même quand il y a des mots compliqués ET des dessins en même temps, vous en saurez beaucoup plus, tadaaaam, ici, ne me remerciez pas (surtout que précisément j'ai rien fait). Je disais donc, face à une agression subie, le cerveau a un fonctionnement spécifique : lorsque la douleur, la peur, deviennent insupportables, il s'anesthésie, au prix d'un court-circuit des moteurs de la peur et de la douleur, mais aussi du raisonnement. La personne agressée se retrouve ainsi incapable de se contrôler, d'agir de façon appropriée, perd ses repères, ce qui la livre à son agresseur·se. Cette disjonction explique les comportements qui de l'extérieur peuvent sembler inadaptés (accepter le discours dégradant de l'agresseur·se, rester inerte un long moment après, ne pas avoir sur le coup l'idée de porter plainte, …). Vous mesurez le problème du manque de formation : les symptômes qui précisément prouvent le vécu de violences vont dans les faits décrédibiliser la victime! Le fonctionnement traumatique sera d'autant plus puissant que la vie est mise en danger, ou qu'il est impossible de donner un sens à ce qui se passe, ce qui arrive souvent... car l'agresseur lui-même disjoncte de la même façon, l'empathie étant un réflexe (neurones-miroirs), donc agresser l'autre a un impact psychique significatif mais aussi, dans la mesure où on disjoncte, prive l'autre des repères non verbaux qui se mettent normalement en place face à l'autre. Ce vécu, qui est par définition insupportable (puisqu'il fait disjoncter le cerveau), hantera ensuite la victime qui fera son possible pour éviter tous les stimuli, pas nécessairement identifiés, qui pourraient éveiller son souvenir (et la vague de souffrances qui accompagneront ce souvenir), et qui sont potentiellement nombreux (odeur, photo, situation particulière, voire heure où l'agression a eu lieu). Cependant, ce mécanisme a aussi un effet d'anesthésie, et devient donc paradoxalement une solution face au stress insupportable provoqué... par le traumatisme. Ce fonctionnement explique des comportements a priori contradictoires (et qui, déjà séparément, exposent à l'incompréhension et aux critiques de l'entourage) où une surprotection qui peut être prise pour de la complaisance précède des comportements extrêmes (automutilations qui peuvent même reproduire le souvenir traumatique, comme l'auto-strangulation pour une personne qui a été étranglée lors de viols, exposition à des risques d'agression, …) qui fonctionnent sur le mode d'une drogue, avec un phénomène d'accoutumance et de dépendance (impliquant la nécessité de "doses" de plus en plus fortes). Dans ces tentatives de s'anesthésier, du fait que pendant l'agression la conscience de soi est anéantie, la victime peut même prendre les pulsions et discours de l'agresseur pour les siens, ajoutant la culpabilité à la souffrance. Muriel Salmona compare la situation des victimes au port d'un lourd sac à dos invisible : gravement handicapées dans leur santé, leur vie scolaire, professionnelle, amoureuse, elles sont en plus priées de faire des efforts sans nécessairement se rendre compte qu'elles ne partent pas à égalité.

 J'ai précisé plus haut que l'agresseur·se disjonctait de la même façon : les agresseur·se·s sont généralement d'anciennes victimes de violences (donc plus de thérapies adaptées, c'est moins de personnes qui continuent de souffrir de leur traumatisme, mais aussi moins d'agresseur·se·s), même si l'essentiel des victimes ne devient pas agresseur·se. Iels reproduiront les violences qu'iels ont eux-même subies ou auxquelles iels ont assisté, sans forcément s'en apercevoir, ou alors en pensant que ce n'est pas si grave puisqu'eux-mêmes s'en sont remis (sans réaliser qu'iels reproduisent ce qu'ils ont vécu précisément parce qu'ils ne s'en sont pas remis, iels ont juste la sensation que ce n'était pas grave parce qu'ils ont mis en place la défense traumatique). L'autrice précise qu'une société inégalitaire est propice à ce genre de comportement, l'ancien·ne agressé·e saisissant l'occasion donnée de se venger en se mettant en position de force.

 La thérapie consiste principalement à expliquer le principe de la mémoire traumatique (permettant éventuellement d'identifier les stimuli problématiques et les réactions associées) et à décoloniser l'esprit de la victime, en rappelant que l'agresseur·se est responsable, que le droit est du côté de la victime, que l'agression n'est en rien légitime, en étant à l'écoute des souffrances endurées… Le récit, même hors thérapie, est à encourager, ce qui peut se faire sous forme artistique. Il peut être utile d'associer à une thérapie spécialisée une thérapie par EMDR ou des médicaments (en gardant à l'esprit le risque d'accoutumance et de dépendance) pour diminuer la puissance des symptômes, ou encore d'effectuer une psychanalyse, sous certaines réserves (absence de jugement de la part de l'analyste, prise en compte sérieuse des événements extérieurs et pas uniquement du fonctionnement intra-psychique, et bien entendu les discours sur les fantasmes - "en fait je vous l'apprends mais inconsciemment vous aviez super envie d'être agressé·e"- sont particulièrement dangereux dans ce contexte).

 Vous l'avez déjà constaté, la mémoire traumatique, au centre du livre, ne concerne pas uniquement les violences sexuelles, malgré le titre. Elle concernent également les violences intra-familiales non sexuelles, les violences institutionnelles, les crimes de guerre... Un des symptômes décrits dans le livre (insomnie par peur des rêves qui surviendront durant le sommeil) est d'ailleurs à l'origine d'un fait divers qui a inspiré le film Freddy, les griffes de la nuit (un adolescent ayant vécu une partie de son enfance dans un camp de réfugiés était convaincu qu'il allait être assassiné dans son sommeil s'il s'endormait... il a effectivement fini par mourir, dans son sommeil semble-t-il, et il a été découvert qu'il cachait une quantité astronomique de café dans sa chambre) (par ailleurs le personnage de Freddy est plus ou moins implicitement un agresseur pédocriminel) (et le réalisateur précise dans le commentaire audio quand la mère de l'héroïne est tuée à la fin que pour lui elle devait être punie, car elle n'avait pas cru sa fille, ce qui reprend la problématique de la loi du silence) (bon je vais peut-être arrêter de parler de ce film c'est un peu pas le sujet au départ). Cependant, les violences sexuelles sont particulièrement emblématiques de violences tues du fait d'une société inégalitaire, de la difficulté même d'en parler quand on les a subies, et sont extrêmement répandues. En plus de l'intérêt de les médiatiser pour mettre fin dans la mesure du possible au non-dit, elles cristallisent à la fois la critique générale de la société par l'autrice et les recommandations cliniques qui intéresseront tout·e professionnel·le, dans le domaine de la santé comme dans le domaine de la justice.

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