Le titre peut surprendre. On imagine mal, en effet,
une Apologie des violences sexuelles, ni même un Plaidoyer
pour les violences sexuelles, d'autant que, comme le précise
Virginie Despentes (dans King-Kong théorie), "les
hommes continuent à faire ce que les femmes ont appris à faire
pendant des siècles : appeler ça autrement, broder, surtout ne
pas utiliser le mot pour décrire ce qu'ils ont fait".
Ce titre est pourtant pleinement justifié, d'une part parce que,
même si leurs auteur·ice·s les appellent autrement (ce qui aggrave le
problème), les violences sexuelles sont extrêmement répandues
("dans leur vie, 16% des femmes ont subi des viols ou des
tentatives de viol", "moins de 8% des viols font l'objet
de plaintes"), y compris sur des mineur·e·s ("près de 50%
des violences sexuelles sont commises sur des filles de moins de 16
ans", en France "26% des Français connaissent au moins
une personne victime d'inceste dans leur entourage et 3% des
Français déclarent avoir été victimes d'incestes -5% des
femmes et 1% des hommes-"), et d'autre part parce que tant la
société dans son ensemble qu'une partie des professionnel·le·s
directement concerné·e·s (médecins, services sociaux, justice, …)
ont leur part de responsabilité dans la situation, du fait de
certains tabous (il est plus difficile de se représenter des
violences dans certains cadres tels le couple, la famille, …) ou au
contraire d'une violence jugée à tort inhérente à certains
contextes (sexualité, éducation, ...), d'une société inégalitaire
(la parole et les droits fondamentaux de la femme ou de l'enfant sont
moins pris au sérieux que celui de l'homme ou de l'adulte, "40% des
femmes ayant un handicap physique vivront au moins une agression
sexuelle au cours de leur vie", ...) et d'une méconnaissance
générale de l'effet de ces violences (et d'autres violences) sur
les victimes.
Suite à des mécanismes plus idéologiques que
rationnels, les victimes qui parlent de ce qui leur est arrivé sont
en effet souvent traitées comme des coupables, accusées d'exagérer,
d'avoir provoqué, de ne pas se remettre assez rapidement, … Est-ce
qu'elles se sont bien rendues compte de l'effet qu'elles faisaient à
l'agresseur? Est-ce que c'était si limpide que ça qu'elles
n'étaient pas consentantes? N'est-ce pas étrange qu'elles ne
se soient pas plus défendues? L'enfant qui refuse le droit de
visite de son père et dénonce des violences n'est-il pas manipulé
par sa mère dans le cadre du divorce? L'autrice dénonce un
univers qui banalise cette idéologie, à travers un sexisme
généralisé ou un manque de respect de l'adulte envers l'enfant, et
estime responsables entre autres la prostitution et la pornographie
(qui sont pour elle des violences sexuelles en soi), les violences
éducatives (l'adulte est plus prompt à juger le comportement de
l'enfant qu'à surveiller le sien, et se donne le droit de frapper
pour rectifier le comportement de l'enfant qui serait trop
indiscipliné) ou des idées inégalitaires répandues (racisme, …).
Cette tendance est non seulement destructrice pour la victime qui se
verra privée de renforts externes et internes (comprendre qu'on a
été victime d'une agression et être légitimé dans ce sens, loin
d'inciter à une supposée complaisance, fait partie intégrante du
processus thérapeutique), mais limite les opportunités de changer
aux coupables qui voudraient se remettre en question, et risquent d'être confrontés à des discours de type "ça arrive à
tout le monde de craquer", "ce n'est pas non plus
si grave", ... Du
fait de la sidération (et d'une absence de repères dans une
situation incompréhensible, en particulier pour les enfants victimes
de violences sexuelles) au moment des violences, la victime risque de
plus d'être colonisée par ce type de discours inversant les
culpabilités de la part de l'auteur·ice des violences ("les
agresseurs ne se contentent pas de faire souffrir leurs victimes, ils
les obligent souvent à dire et penser que c'est pour leur bien,
qu'elles aiment ça, leur déniant ainsi toute possibilité de se
défendre et de se plaindre") et d'intégrer ces pensées...
le risque est bien entendu décuplé si en plus elle l'entend d'un·e
proche ou d'un·e professionnel·le dont le rôle est de la soutenir. Du
fait d'une sous-estimation de la gravité des faits, même les gens
compréhensifs dans un premier temps risquent de moins l'être en
voyant que la victime ne se remet pas de ce qu'elle a subi. Et, si les proches même finissent par ne plus être des
allié·e·s quand l'agression n'est pas oubliée fissa, on n'ose imaginer la
difficulté de trouver du soutien quand se manifestent des
conséquences moins connues du traumatisme qui peuvent franchement
prendre au dépourvu les gens non avertis (repli sur soi alternant
avec des conduites extrêmes, des violences auto-infligées et des
prises de risque).
La police et les tribunaux sont hélas aussi
concernés par ce manque de formation, voire contaminés par cette
idéologie (l'autrice rappelle que beaucoup de victimes silencieuses
-"pour le viol, qui est un crime jugé en cour d'assise, ce
sont moins de 10% de plaintes, 3% de poursuites judiciaires et entre
1 et 2% de condamnations"- ça veut mathématiquement dire
beaucoup de coupables inconnu·e·s... dont certain·e·s risquent donc de se
retrouver à un point ou à un autre de la chaîne judiciaire en cas
de procédure). A cela s'ajoutent, pour une victime qui rappelons-le
vient de subir un traumatisme, des examens physiques et psychiques
qui peuvent être éprouvants, revivre le traumatisme en le racontant
à un·e enquêteur·ice qui cherchera les failles (serait-ce pour les
anticiper de la part de la défense) donc posera des questions sur
les signaux envoyés, la raison pour laquelle la plainte n'a
éventuellement pas été déposée de suite, … Le processus peut
se révéler douloureux même avec des interlocuteur·ice·s bienveillant·e·s,
ce qui n'est pas, loin de là, nécessairement le cas. Muriel Salmona ne
réclame pourtant pas que les murs des tribunaux soient couverts du
sang des violeur·se·s, qu'une pique avec la tête des auteur·ice·s de violence
conjugale orne l'entrée des commissariats, et est extrêmement
claire sur son respect des droits de la défense ("il est facile de
comprendre qu'un accusé ait tout intérêt à nier son crime et à
mettre en cause la victime, et qu'il puisse bénéficier de la
présomption d'innocence"). On peut toutefois se demander ce qui se
passe dans l'univers de ceux qui supposent par défaut que
quelqu'un aurait l'idée saugrenue de porter plainte, d'aller
jusqu'au bout de la procédure, après une relation sexuelle
consentie. Certes c'est une possibilité, et les victimes de
calomnie sont aussi à protéger, mais agir comme si le mensonge
était la règle plutôt que l'exception? Imaginons un instant la
même situation avec un autre type d'infraction (l'exemple n'est pas
de moi, mais c'était dans un fichier image pêché sur le net et non
sourcé)... "Je me promenais rue xxx vers 22h" "Dans ce
quartier là? Le soir ?" "Euh... oui" "Et
vous étiez habillé comme ça ? En costume ?"
"Oui. Et d'un coup, un inconnu a surgi, il m'a menacé avec
une arme et m'a demandé mon portefeuille" "Et vous lui
avez donné? Vous ne vous êtes pas défendu?"
"Il m'a pris par surprise, il avait une arme, j'ai cru qu'il
allait me tuer!" "En plus, si je ne me trompe pas,
vous êtes quelqu'un de généreux, non?" "Euh...
oui, je donne à des associations" "Donc vous exhibez
votre richesse dans un quartier chaud le soir, et quand on vous
demande votre portefeuille vous vous exécutez sans vous défendre.
En plus, vous êtes quelqu'un qui aime donner de l'argent! Ce que je
pense, c'est que vous avez donné de l'argent volontairement, et
qu'après vous avez changé d'avis!". S'ajoute encore à ça
le manque de considération pour la sécurité des victimes : il
arrive souvent qu'aucune mesure ne soit prise pour éviter que le·a
coupable ne puisse les approcher. L'autrice déplore également que
certaines données scientifiques solides n'aient pas leur place dans
les tribunaux, alors que le Syndrome d'Aliénation Parentale, à la
validité scientifique pour le coup inexistante,
peut influencer des jugements. Que des circonstances aggravantes,
comme l'alcoolisation, se transforment en circonstances atténuantes (si la victime a bu elle n'avait qu'à être plus lucide, si l'agresseur a bu comment vouliez-vous qu'il se contrôle ?).
Enfin, le livre comprend des exemples concrets de réticence, voire
de maltraitance des professionnel·le·s de la justice. Une adolescente de
15 ans vierge est violée par un ancien camarade de classe qui
reconnaît qu'elle avait dit non et qu'il avait du lui tenir les
bras. Le procureur prononce un non-lieu. Elle se retrouve en garde à
vue (où elle se fait traiter de menteuse et annoncer qu'elle risque
10 ans de prison) pour dénonciation mensongère. Le tout,
semble-t-il, parce qu'elle n'avait pas parlé d'échanges MSN entre
eux avant le viol. Un non-lieu est prononcé alors qu'on petit garçon
de 10 ans a été sodomisé par son cousin de 17 ans, parce qu'il
aurait été demandeur (malgré une loi alors en vigueur selon
laquelle l'enfant ne peut consentir). Un psychiatre, dans le cadre de
l'expertise, harcèle la plaignante qui ne cède pas puis fait un rapport d'expertise
destructeur et insultant. Un policier fait savoir crûment à une
femme de 25 ans que vu la façon dont elle s'est défendue il
pourrait la violer de suite, puis plus tard tente de l'embrasser de
force (elle s'est défendue!). En estimant leur comportement tout à
fait légitime puisque l'audition est filmée (victime mineure), le
brigadier et la brigadière rient quand une adolescente de 13 ans
décrit son viol par trois adultes ayant autorité, la traitent de
libertine, lui demandent si elle a aimé être sodomisée, et lui
expliquent qu'une fille violée ne se serait pas débattue comme
elle. Un autre policier insiste pour faire dire à une autre
adolescente, de 14 ans, séquestrée et violée par deux hommes
pendant 48 heures, qu'elle ment. Elle dit qu'elle a crié, il
rétorque que c'était de plaisir. Quand elle prévient qu'elle a la
nausée et qu'elle va vomir (elle est sous traitement préventif de
VIH), en revanche, il trouve ça assez intolérable pour oublier une
seconde l'uniforme qu'il porte et le respect de la loi qu'il implique
("Tu n'as pas intérêt sinon je t'en retourne une!"), révélant
son sens des priorités. Ces
exemples, qui dans une fiction ne seraient pour la plupart pas
crédibles car trop surréalistes, concernent les seul·e·s patient·e·s de
Muriel Salmona, sur la seule année qui précède l'écriture du
livre!
L'autrice regrette aussi le manque de formation des professionnel·le·s de la santé. Au delà des éventuelles violences exercées avec l'appui du pouvoir que peut conférer la blouse blanche, elle a observé dès sa formation, y compris en psychiatrie, un manque de vigilance et de considération envers le vécu de victime et ses conséquences. Dans le cas de certain·e·s patient·e·s, les informations sur les violences subies, bien qu'obtenues ou pas trop dures à obtenir en s'intéressant au sujet, n'étaient pas reliées à la pathologie présentée alors que le lien aurait expliqué bien des choses. En tant qu'étudiante en psychiatrie, elle était frustrée par les modèles théoriques existants et a compris et théorisé, à travers des recherches utilisant témoignages, œuvres d'art, travaux sur le traumatisme et le stress post-traumatique et neuro-imagerie, le fonctionnement de la mémoire traumatique. Cependant, le manque de formation sur le sujet pose encore problème aujourd'hui. Les médecins, y compris ceux dont l'expertise sera utilisée dans le processus judiciaire, méconnaissent souvent le sujet ("La reconnaissance des dommages psychiques ne va donc pas de soi, et elle est le plus souvent soumise à des évaluations aléatoires et dépendantes de chaque médecin. Ces derniers restent malheureusement persuadés, dans leur grande majorité, qu'il n'existe pas de symptômes spécifiques scientifiquement validés"). L'enjeu est pourtant de taille, comme ça a pu par exemple être constaté lors d'une enquête de médecins et de sages-femmes en Seine-Saint-Denis (en 2005 et 2006). Il s'agissait de poser trois questions à des patientes qui venaient en consultation de médecine générale : avez-vous déjà subi des violences verbales? physiques? sexuelles? Bien que pour certains réticents au départ ("bonjour, je porte une blouse blanche qui peut intimider et je vais vous poser une question potentiellement intime et qui risque de réveiller un vécu difficile alors que vous venez me voir pour autre chose... sinon, vous avez votre carte vitale sur vous?"), iels ont été surpris de la facilité à poser les questions, et de la facilité avec laquelle les patientes répondaient. 54% des patientes ont dit avoir subi des violences, 90% d'entre elles en parlaient pour la première fois à un médecin. Et, comme l'autrice le précise dans l'intro, les violences vécues peuvent être la cause d'autres symptômes, psychiques mais aussi somatiques, qui impliquent une thérapie adaptée.
Face à une agression subie, le cerveau a un
fonctionnement spécifique. Comme je suis à peu près aussi doué en
neurologie qu'un hamster (ce qui va bien m'embêter dans deux
semaines, mais c'est un tout autre sujet), je ne vais pas m'aventurer
à reprendre les explications détaillées du livre, parce que ce
serait laborieux et que je suis paresseux, et aussi accessoirement
parce que je risquerais de glisser pas mal d'erreurs. Je vais donc me
contenter de réexpliquer ce que j'en ai compris, et qui éclaire
déjà énormément de choses. Pour celles et ceux qui sont très motivé·e·s
et/ou qui ne sont pas intimidé·e·s même quand il y a des mots
compliqués ET des dessins en même temps, vous en saurez beaucoup
plus, tadaaaam, ici, ne me remerciez pas (surtout que précisément
j'ai rien fait). Je disais donc, face à une agression subie, le
cerveau a un fonctionnement spécifique : lorsque la douleur, la
peur, deviennent insupportables, il s'anesthésie, au prix d'un
court-circuit des moteurs de la peur et de la douleur, mais aussi du
raisonnement. La personne agressée se retrouve ainsi incapable de se
contrôler, d'agir de façon appropriée, perd ses repères, ce qui
la livre à son agresseur·se. Cette disjonction explique les
comportements qui de l'extérieur peuvent sembler inadaptés
(accepter le discours dégradant de l'agresseur·se, rester inerte un
long moment après, ne pas avoir sur le coup l'idée de porter plainte, …). Vous mesurez le problème du manque de formation :
les symptômes qui précisément prouvent le vécu de violences vont
dans les faits décrédibiliser la victime! Le fonctionnement
traumatique sera d'autant plus puissant que la vie est mise en
danger, ou qu'il est impossible de donner un sens à ce qui se passe,
ce qui arrive souvent... car l'agresseur lui-même disjoncte de la
même façon, l'empathie étant un réflexe (neurones-miroirs), donc
agresser l'autre a un impact psychique significatif mais aussi, dans la mesure où on disjoncte, prive l'autre des repères non verbaux qui se mettent normalement en place face à l'autre. Ce vécu, qui est par définition
insupportable (puisqu'il fait disjoncter le cerveau), hantera ensuite
la victime qui fera son possible pour éviter tous les stimuli, pas
nécessairement identifiés, qui pourraient éveiller son souvenir
(et la vague de souffrances qui accompagneront ce souvenir), et qui
sont potentiellement nombreux (odeur, photo, situation particulière,
voire heure où l'agression a eu lieu). Cependant, ce mécanisme a
aussi un effet d'anesthésie, et devient donc paradoxalement une
solution face au stress insupportable provoqué... par le
traumatisme. Ce fonctionnement explique des comportements a
priori contradictoires (et qui, déjà séparément, exposent à
l'incompréhension et aux critiques de l'entourage) où une
surprotection qui peut être prise pour de la complaisance précède
des comportements extrêmes (automutilations qui peuvent même reproduire le souvenir traumatique, comme l'auto-strangulation pour une personne qui a été étranglée lors de viols, exposition à des
risques d'agression, …) qui fonctionnent sur le mode d'une drogue,
avec un phénomène d'accoutumance et de dépendance (impliquant la nécessité de "doses" de plus en plus fortes). Dans ces
tentatives de s'anesthésier, du fait que pendant l'agression la
conscience de soi est anéantie, la victime peut même prendre les
pulsions et discours de l'agresseur pour les siens, ajoutant la
culpabilité à la souffrance. Muriel Salmona compare la situation
des victimes au port d'un lourd sac à dos invisible : gravement
handicapées dans leur santé, leur vie scolaire, professionnelle,
amoureuse, elles sont en plus priées de faire des efforts sans
nécessairement se rendre compte qu'elles ne partent pas à égalité.
J'ai précisé plus haut que l'agresseur·se
disjonctait de la même façon : les agresseur·se·s sont
généralement d'anciennes victimes de violences (donc plus de thérapies adaptées, c'est moins de personnes qui continuent de souffrir de leur traumatisme, mais aussi moins d'agresseur·se·s), même si
l'essentiel des victimes ne devient pas agresseur·se. Iels reproduiront
les violences qu'iels ont eux-même subies ou auxquelles iels ont
assisté, sans forcément s'en apercevoir, ou alors en
pensant que ce n'est pas si grave puisqu'eux-mêmes s'en sont remis
(sans réaliser qu'iels reproduisent ce qu'ils ont vécu précisément
parce qu'ils ne s'en sont pas remis, iels ont juste la sensation que ce n'était pas grave parce qu'ils ont mis en place la défense traumatique). L'autrice précise qu'une
société inégalitaire est propice à ce genre de comportement,
l'ancien·ne agressé·e saisissant l'occasion donnée de se venger en se
mettant en position de force.
La thérapie consiste principalement à expliquer
le principe de la mémoire traumatique (permettant éventuellement
d'identifier les stimuli problématiques et les réactions associées)
et à décoloniser l'esprit de la victime, en rappelant que
l'agresseur·se est responsable, que le droit est du côté de la
victime, que l'agression n'est en rien légitime, en étant à
l'écoute des souffrances endurées… Le récit, même hors thérapie, est à encourager, ce qui peut se faire sous forme artistique. Il peut être utile d'associer à une thérapie spécialisée une thérapie par EMDR ou des médicaments
(en gardant à l'esprit le risque d'accoutumance et de dépendance)
pour diminuer la puissance des symptômes, ou encore d'effectuer une
psychanalyse, sous certaines réserves (absence de jugement de la
part de l'analyste, prise en compte sérieuse des événements
extérieurs et pas uniquement du fonctionnement intra-psychique, et
bien entendu les discours sur les fantasmes - "en fait je vous
l'apprends mais inconsciemment vous aviez super envie d'être
agressé·e"- sont particulièrement dangereux dans ce contexte).
Vous l'avez déjà constaté, la mémoire
traumatique, au centre du livre, ne concerne pas uniquement les
violences sexuelles, malgré le titre. Elle concernent également les
violences intra-familiales non sexuelles, les violences
institutionnelles, les crimes de guerre... Un des symptômes décrits
dans le livre (insomnie par peur des rêves qui surviendront durant
le sommeil) est d'ailleurs à l'origine d'un fait divers qui a
inspiré le film Freddy, les griffes de la nuit
(un adolescent ayant vécu une partie de son enfance dans un camp de
réfugiés était convaincu qu'il allait être assassiné dans son
sommeil s'il s'endormait... il a effectivement fini par mourir, dans
son sommeil semble-t-il, et il a été découvert qu'il cachait une
quantité astronomique de café dans sa chambre) (par ailleurs le
personnage de Freddy est plus ou moins implicitement un agresseur pédocriminel)
(et le réalisateur précise dans le commentaire audio quand la mère
de l'héroïne est tuée à la fin que pour lui elle devait être
punie, car elle n'avait pas cru sa fille, ce qui reprend la
problématique de la loi du silence) (bon je vais peut-être arrêter
de parler de ce film c'est un peu pas le sujet au départ).
Cependant, les violences sexuelles sont particulièrement
emblématiques de violences tues du fait d'une société
inégalitaire, de la difficulté même d'en parler quand on les a
subies, et sont extrêmement répandues. En plus de l'intérêt de
les médiatiser pour mettre fin dans la mesure du possible au
non-dit, elles cristallisent à la fois la critique générale de la
société par l'autrice et les recommandations cliniques
qui intéresseront tout·e professionnel·le, dans le domaine de la santé
comme dans le domaine de la justice.
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