Comme le titre du livre
l'indique, WISC n'est pas une onomatopée (et c'est bien dommage,
parce que ce serait une super onomatopée) mais l'abréviation pour Wechsler
Intelligence Scale for Children (donc, ici, sa quatrième version et pas
la dernière en date comme j'avais écrit au début mais le V n'est
arrivé en France que cette année donc on va faire comme si on
n'avait pas vu), test qui est probablement le plus utilisé pour
mesurer l'intelligence de l'enfant (jusqu'à 16 ans) et aboutir au
fameux QI.
Si le livre, là encore comme son titre l'indique,
est très nettement axé sur la pratique et donnera des éléments
précis pour optimiser la passation et l'interprétation du test, il
ne fait pas l'économie d'un long (et clair) (et intéressant)
développement théorique sur l'histoire et la signification de la
mesure de l'intelligence. On s'en doute, le chemin entre la
recherche, fut-elle armée de nombreuses données et de mesures
statistiques élaborées, de l'essence de l'intelligence et la
division d'un test en compréhension verbale, raisonnement perceptif,
mémoire de travail et vitesse de traitement, a été long (non, on
ne mesure plus l'intelligence en regardant à partir de quelle
distance on perçoit deux contacts distincts au lieu d'un sur la
peau). Si, il y a bien longtemps (mais pas dans une galaxie lointaine
puisque ça a démarré en France avec le test de Binet et Simon), le
quotient intellectuel désignait le quotient de l'âge mental sur
l'âge réel (quelqu'un qui à 10 ans réussissait les épreuves
réussies par l'enfant moyen de 11 ans pouvait se targuer d'un QI de
110, enfin aurait pu si on avait déjà eu l'idée de multiplier le
score par 100 pour plus de lisibilité), il ne s'agit en fait plus
d'un quotient mais d'un classement : le nombre 100 désigne
toujours la moyenne, mais la note permet de situer selon les
écarts-types, sachant qu'un écart-type correspond à 15 (plus on
s'éloigne de 100, moins sont nombreux les gens qui ont un QI aussi
élevé, ou aussi bas, un QI de 145 signifiant par exemple qu'environ
une personne sur 1000 est capable d'obtenir une note si élevée).
S'arrêter là est encore trop simple. Entre autre
parce que, plus le temps passe, plus les notes tendent à être
tirées vers le haut (effet Flynn), le tout dans le plus grand irrespect des
oracles qui déplorent régulièrement que le niveau baisse. La note est donc un classement par rapport à la dernière
fois que le test à été étalonné, et pas par rapport à
maintenant (c'est particulièrement important à prendre en compte,
par exemple, si on passe le WISC III). D'autres éléments peuvent
influencer le résultat comme l'appréhension du test, des éléments
culturels (qui peut concerner l'habitude des exercices proposés, par
exemple pour l'arithmétique ou le vocabulaire, mais aussi la
relation à l'évaluation), … Et même sans tenir compte de tous
ces biais, la fidélité du test, si relativement solide soit-elle, a
ses limites (la note obtenue reflète donc une approximation du niveau
du sujet), et n'est vraiment fiable que si l'ensemble des notes aux
sub-tests est homogène.... Ainsi, si la notion de QI est fortement
ancrée culturellement parce que l'idée de résumer l'intelligence
en un nombre est séduisante, on voit que ça n'a pas grand chose à
voir avec la réalité. Le test n'a d'intérêt que si on prend en
compte le détail des résultats, qu'on est attentif à ce qui se
déroule pendant la passation elle même, et qu'on a une idée de ce
qu'on cherche à savoir. D'où l'intérêt de la seconde partie, très
technique et spécifique, du livre.
L'auteur prend le temps de s'attarder sur chaque
indice, et même sur chaque test, pour préciser ce qu'il veut dire
et ne veut pas dire. Le contenu s'appuie sur la pratique autant que
sur des résultats d'études. Il est rapidement clair qu'un résultat
seul ne suffit en aucun cas à faire un diagnostic, mais les
vignettes cliniques de la fin montrent bien comment le test peut
éclairer certaines situations. Un exemple intéressant est celui
d'un adolescent qui a de grandes difficultés à se concentrer en
particulier en classe : sa réussite à certains items qui
demandent de la concentration et, pendant la passation, son stress
devant l'évaluation qui le pousse à répondre parfois trop vite et
à manquer de flexibilité et persévérer en cas d'erreur, permettent
d'éliminer une éventuelle cause neurologique et de plutôt
rechercher la source éventuelle d'un mal-être émotionnel.
L'étudiant·e en psychologie (ou le·a psychologue) qui
utilise régulièrement le WISC IV, à qui la seconde partie (et son abondance de termes poétiques comme rotation Varimax,
saturation d'item, ...) s'adresse, aura probablement déjà entendu
parler de l'ensemble de ce qui est dit dans les rappels historiques
de la première partie, même si les rappels des fois c'est bien aussi.
La première partie en question reste particulièrement intéressante
pour l'étudiant·e moins avancé·e, ou pour quelqu'un qui se demande plus
généralement en quoi consiste la mesure de l'intelligence. Le même
livre semble donc viser deux publics assez distincts, mais vu que les
parties concernées sont clairement distinctes aussi, est-ce que
c'est vraiment embêtant?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire