Pour les six nouvelles qui composent ce recueil, Yalom dit avoir souvent hésité entre la pédagogie et la narration, et tranché pour la narration. En effet, si les récits sont denses, si les réflexions du thérapeute sont généralement retranscrites explicitement, souvent avec beaucoup d'autodérision (une autodérision où, paradoxalement, Yalom critique la plupart des fois son égo), les histoires se lisent bien, et on est impatient de connaître la suite, ce qui est par ailleurs un signe que ni les enseignements techniques ni la narration ne sont convenus.
Les quatre premiers récits (je ne sais pas si l'ordre est le même dans la version anglophone et dans la version française) sont à la première personne. Yalom raconte un accompagnement de deuil particulièrement confrontant qui a secoué ses certitudes, et qui lui a valu d'être régulièrement secoué, pas au sens propre mais ça aurait peut-être été moins éprouvant, par sa cliente, une animation de groupe dans les conditions difficiles et frustrantes des thérapies de groupe en psychiatrie qui lui a valu des félicitations mais lui a laissé un sentiment d'inachevé et d'amertume, une rencontre intense, sur des années, avec une cliente atteinte de cancer qui lui a énormément appris et avec laquelle la relation était si fusionnelle qu'il percevait les conflits avec elle comme des conflits intérieurs, et, ce sera le seul récit imaginaire, une rencontre onirique avec sa mère au seuil de sa propre mort, qui donnera lieu à une explication de gravure émouvante et exigeante.
Pour les deux autres récits, les lecteur·ice·s de Mensonges sur le divan retrouveront Ernest Lash, son intransigeance et ses questionnements constants. L'un des récits est centré sur le point de vue de la cliente, qui stagne dans sa thérapie et tient à le faire savoir le plus régulièrement possible et découvre, en écoutant la cassette de sa séance précédente, que Lash a enregistré par erreur et sans le savoir ce qu'il pensait d'elle dans le cadre d'une supervision... sur le contre-transfert négatif! L'autre récit tient plus du fantastique, et je ne vais certainement pas révéler qui le thérapeute va effectivement accompagner!
Le thème du deuil est particulièrement présent, sous différentes formes, mais, Yalom oblige, c'est celui de la relation thérapeutique qui est le plus souvent à l'honneur. Comme d'habitude, la lecture est fluide mais il y a de quoi nourrir des réflexions pour un moment.
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