lundi 29 juin 2020

Person-Centered and Experiential Therapies Work, dirigé par Mick Cooper, Jeanne C. Watson et Dagmar Hölldampf



 C’est explicite dès le début, ce livre est en grande partie motivé par la difficulté des thérapies expérientielles à exister institutionnellement au Royaume-Uni, où les organismes de santé privilégient les méthodes thérapeutiques qui sont à même de démontrer formellement leur efficacité, au détriment des méthodes dont le travail n’est pas directement axé sur la guérison des symptômes. La preuve a été un souci de Rogers (auteur de la formule "Les faits sont nos amis") dès le début du développement de l’ACP, même s’il est progressivement devenu plus sensible aux limites de la recherche scientifique qu’à ses atouts, mais en effet, force est de constater qu’aujourd’hui, en particulier par comparaison aux TCC dont la clinique est presque directement adossée à la recherche, les spécificités des thérapies humanistes telles que l’ACP, dont les fondamentaux sont difficilement mesurables (écoute empathique, non-directivité, congruence du ou de la client·e et du. ou de la thérapeute, développement personnel profond) sont peu adaptés à un rythme effréné de publications.

 Les auteur·ice·s fournissent un certain nombre d’outils et de réflexions pour le développement d’une recherche conforme aux principes et aux valeurs de l’ACP. Par exemple, des échelles existent bel et bien pour mesurer l’empathie du ou de la thérapeute (telle que perçue par le·a patient·e), ou le niveau de sensibilité à ses propres émotions. Des pistes sont aussi données pour sortir de l’approche positiviste (hypothèse → test → rejet ou validation de l’hypothèse) pour intégrer par exemple les principes phénoménologiques centraux dans l’ACP (partir de ce qui est perçu, sans hiérarchiser a priori les stimuli) mais je dois admettre que ces préoccupations dépassaient largement mon niveau technique. Des réflexions poussées sont aussi proposées, en plus d’un état des lieux, pour prendre en compte le rôle du ou de la client·e dans la thérapie, autre principe essentiel.

 L’affirmation posée dans le titre ("les thérapies centrées sur la personne et expérientielles fonctionnent") est confirmée dès le premier chapitre, avec le détail de résultats de diverses méta-analyses… non seulement pour l’aspect thérapeutique (dans ledit premier chapitre) mais aussi dans le domaine du management ou de l’éducation et de la pédagogie.

 On s’en aperçoit assez vite à la lecture : le livre n’est certainement pas réservé, mais est plutôt destiné, à des spécialistes. Sans connaissance au moins basique du fonctionnement de la recherche et de la philosophie et de la pratique de l’ACP, je pense que la sensation de noyade peut vite arriver, ce qui n’est pas le cas par exemple pour Essential Research Findings in Counselling and Psychotherapy, sur un thème approchant, bien plus accessible (mais accessible aussi uniquement en anglais). Pour le·a chercheur·se, en revanche, entre les références de recherche, les outils proposés et les réflexions pour réinventer la recherche, ce livre est probablement une mine dans laquelle puiser pour pas mal de travaux.

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