Les
résolutions, c'est fait pour ne pas être tenu... Comme celle que
j'ai prise de ne rien acheter en voyant l'étal de livres de psycho,
à l'occasion d'une conférence. Regarder sans acheter, ce n'est
quand même pas compliqué! J'ai bien assez de lectures en retard,
pas la peine d'acheter un livre de plus qui va me regarder depuis
l'étagère sans que je ne l'ouvre.
Bon, la résolution a tenu 3 minutes. Mais ce n'est pas bien grave,
le livre est très court.
Après Aïe mes aïeux puis Psychogénéalogie, sur le
même thème, Anne Ancelin Schützenberger publie Exercices
pratiques de psychogénéalogie. Comme son nom ne l'indique pas,
il est destiné non pas à des professionnel.le.s qui voudraient se
perfectionner mais à des patient.e.s qui voudraient se livrer à une
pré-exploration de leur inconscient familial, avant d'entreprendre
une thérapie avec un.e professionnel.e... l'idée étant surtout que ce
travail préalable les aide à se méfier des charlatans. Que ce soit
dans Aïe mes aïeux, Psychogénéalogie ou même sur
son site Internet, Schützenberger invite en effet à se méfier des
expert.e.s autoproclamé.e.s en psychogénéalogie, qui n'ont parfois pas de
scrupules à utiliser son nom pour renforcer leur crédibilité alors
qu'ils n'ont rien à voir avec elle. Là, avant même le mode
d'emploi pour débuter un travail sur soi, l'avertissement est
limpide : "la psychogénéalogie n'est pas un métier, mais un
outil", "les practiciens les plus sérieux sont rares et ne se
disent pas psychogénéalogistes", "on peut merveilleusement aider
les gens grâce à l'outil généalogique, mais on peut tout autant,
par ignorance ou incompétence, leur faire beaucoup de mal en les
lançant sur de fausses pistes", "la psychogénéalogie ne résout
pas tous les problèmes. Très souvent, en effet, c'est plutôt d'une
psychothérapie dont on a besoin".
Après
avoir repris très succinctement les principaux enjeux psychiques du
génosociogramme (deuils non faits, loyautés familiales ou "patate
chaude" transmise de génération en génération, tabous pesants,
le tout pouvant exister sur plusieurs générations, voire être le
résultat d'un traumatisme historique -guerre, génocide ou
changement de frontières par exemple-, …), l'autrice propose un
mode d'emploi dans ses aspects les plus concrets. Plus rapide qu'un
génosociogramme, on peut par exemple représenter son atome social :
par des points ou avec des allumettes (une petite boîte de 30
allumettes contraint à aller à l'essentiel... donc permet
d'identifier l'essentiel), on place sur une feuille des gens, des
lieux, des objets, des concepts importants pour nous, sans oublier de
se placer soi-même, au centre ou non, au début ou non. Anne Ancelin
Schützenberger nous livre son propre atome social, dans lequel
figurent, en plus de sa famille proche, des éléments aussi variés
que Galilée, Platon, Lapalisse, le lapin qui a mangé les chaussures
de sa grand-mère, les sucettes au caramel de Bretagne de son enfance
ou encore le massif du Mont-Blanc.
Le
génosociogramme lui-même demande un travail bien plus conséquent
("la psychogénéalogie nécessite une bonne culture générale, une
bonne connaissance historique et géographique, voire économique"),
qui se fait en plusieurs temps. Il faut commencer par représenter,
avec des codes précis fournis dans le livre, les membres de la
famille (couple, parents, grands-parents, enfants, cousin.e.s, …),
incluant si c'est possible les enfants qui ne sont pas nés (fausse
couche, IVG, …), leurs relations, les dates et événements
importants qui les concernent, … Les personnes importantes qui ne
font pas partie au sens strict de la famille doivent être incluses
aussi (personnel de maison -qu'on voit donc, chez soi, au quotidien-,
ami.e proche, figure d'autorité religieuse, …), ainsi que les
événements historiques. Le tout peut occuper beaucoup d'espace,
l'autrice conseille de coller les feuilles ainsi remplies sur un
carton à dessin. Trois heures de travail sont en général
nécessaire pour faire apparaître de premières pistes de réflexion.
Au moment de la réalisation du génosociogramme, ou juste après,
quand on s'assoit après avoir fini, il est important d'écouter ses
émotions (et aussi d'être attentif.ve à un éventuel rêve la nuit
qui va suivre), pour orienter cette réflexion, savoir dans quelle
direction chercher (syndrome d'anniversaire -événement qui se
répète à un même moment pour des personnes de générations
différentes-, tabou familial sur le passé, …). Enfin, un travail
de vérification doit suivre, au niveau de ses souvenirs personnels
("le génosociogramme se fait de mémoire... mais avec un
téléphone à portée de la main!") puis au niveau des
reconstitutions plus lointaines (c'est là qu'une documentation
historique peut s'avérer nécessaire -des bases de données sont proposées au dernier chapitre-, et il faut aussi savoir
replacer les choses en contexte : un événement honteux n'aura
pas le même impact sur la personne concernée dans une grande ville
ou dans un village, une grossesse avant le mariage n'est pas vue de
la même façon aujourd'hui que ça ne l'était il y a un siècle,
...). Les erreurs identifiées doivent toutefois continuer de figurer
en tant que telles sur le génosociogramme, elles sont généralement
importantes!
Ce
mode d'emploi express peut être vu comme une introduction à Aïe
mes aïeux et/ou Psychogénéalogie, ou être gardé
comme pense-bête quand on les a lus. C'est une bonne initiation,
synthétique, aux enjeux et aux principes de la psychogénéalogie.
La
résolution a tenu 3 minutes... en même temps on ne va pas non plus
en rajouter, j'ai fini par le lire, ce livre, non? En plus il se lit
en moins d'une heure. Oui, mais... il s'achève sur une liste de
vingt livres! Et ils sont "indispensables", qu'elle dit! Et vu que
c'est grâce à elle que j'ai lu, par exemple, Le livre du ça,
je sais qu'il faut suivre ses conseils. C'est malin tout ça, les
choses auraient été plus simples si j'avais tenu cette résolution.
Pour les personnes intéressées, les résumés de quelques uns des livres conseillés:
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